Boulevard de la Mer

Saint-Brieuc (FR) - Lauréat

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Représentant d'équipe  : Cyril Breton (FR) – architecte ; Associés : Pierre-Olivier Carpentier (FR) – architecte ; Maxime Genévrier – ingénieur urbaniste

Studio ITA / MG|URBA, Paris – France
www.studio-ita.com –  www.mgurba.fr

Voir la liste complète des portraits ici
Voir la page du site ici


M. Genévrier, C. Breton & P.-O. Carpentier

 

INTERVIEW
Cliquer sur les images pour les agrandir

1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?

Nous nous connaissons depuis 2004 et notre entrée à l'école d'architecture de Rouen (ENSAN). Fin 2013, après plusieurs années de collaborations dans des agences d'architecture et d'urbanisme, nous avons fondé le Studio ITA. C'est au cours de l'une de ces collaborations qu'a eu lieu la rencontre avec Maxime Genévrier, ingénieur-urbaniste, qui a depuis créé l'agence MG|URBA, spécialisée dans les questions de mutabilité foncière. Nos deux structures collaborent régulièrement dans le cadre de missions de maîtrise d'œuvre urbaine et de concours ouverts comme Europan.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : lʼadaptabilité à travers l'Auto-Organisation, le Partage et/ou le Projet (Processus) ?

Saint-Brieuc a donné son nom à une baie. C'est une ville de bord de mer qui, au fil des années, s'est développée sans elle. L'ambition transversale de notre proposition est donc de réorienter Saint-Brieuc vers la mer. Pour faire sens, le projet échafaude une stratégie évolutive qui fait le lien entre le centre ancien et les bords de la baie, entre l'université et le port. Cette matrice poursuit les contours d'une infrastructure ferroviaire délaissée pour mettre en scène des projets partagés, l'ouverture progressive et à moindre coût d'anciennes enclaves industrielles, l'installation de nouveaux programmes qui prennent appui sur des initiatives innovantes déjà à l'œuvre dans l'agglomération ou encore des processus de dépollution localisés.

 

3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

Il s'agissait de faire le grand écart entre la problématique territoriale, qui expose clairement la difficulté de cette ville à s'agencer autour de son patrimoine paysagé de bord de mer, et l'opportunité foncière immédiate des deux sites dits "opérationnels". Pour nourrir notre réflexion sur la mutation à court terme du centre ville et des friches du Légué, il a d'abord fallu s'attarder longuement sur un grand territoire au paysage morcelé, escarpé et sinueux. Les échelles intermédiaires, les récurrences observées, la topographie, l'histoire des lieux ont guidés notre réflexion.
C'est grâce à ce travail que nous avons fait émerger des outils d'intervention contextualités qui portent une réflexion sur des sujets divers, mais complémentaires (l'avenir du patrimoine, les modes de déplacement entre vallées, la nécessité de valoriser le centre ville vétuste, penser la modularité des surfaces à bâtir, localiser les processus de dépollution, etc.). Ces outils sont autant d'ingrédients qui permettent de formaliser les contours du "Boulevard de la Mer" et le dessin précis des interventions proposées pour chacun des deux sites.

 

4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?

Nous avons participé aux deux précédents Europan. A E12 sur le site de Couvet en Suisse et à E11 à Savenay. Bien que les problématiques aient été similaires, les modes d'application et les stratégies de mutation étaient quant à eux totalement spécifiques. L'élaboration de stratégies protéiformes constitue le cœur de notre pratique professionnelle, tant sur le plan architectural qu'urbain.

 

5. Aujourd'hui, à l'ère de la crise économique et du développement durable, le projet urbanoarchitectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps ; de quelle manière avez-vous intégré la question du projet processus ?

Le "Boulevard de la Mer" est une matrice, support de projets innovants. Les outils définissent donc à la fois des thèmes forts et des moyens d'actions. Autrement dit, comme tout outil, ils peuvent être combinés entre eux, additionnés et/ou utilisés temporairement et localement.
Le site du Légué haut, par exemple, est une friche industrielle close par un mur d'enceinte et idéalement située entre la ville et le port. Nous pensons que cette parcelle est l'une des clés de l'avenir du port de Saint-Brieuc et que rien ne presse donc à son urbanisation intensive. S'il a vocation à devenir public, c'est un site qui doit d'abord être accessible pour être connu des habitants. Les dalles des anciennes usines peuvent être réutilisées comme support d'activités temporaires, le mur d'enceinte peut être conservé dans l'idée que demain des constructions viendront l'épaissir tout en préservant un parc en cœur de parcelle. Le projet se construit au fil des opportunités sur la base de ce qui est déjà en place. Au delà des questions de crise économique et de développement durable, nos réflexions sont donc concentrées sur la juste répartition des moyens et l'équilibre durable des territoires.

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

Nous avons été présélectionnés lors des deux précédentes éditions mais c'est la première fois que nous sommes lauréats. Europan, c'est l'occasion de confronter nos idées à des terrains complexes et d'aiguiser notre regard grâce à des thématiques ambitieuses. C'est une démarche qui nous semble nécessaire pour nourrir nos réflexions de jeunes praticiens et finalement devenir plus aguerris, plus pertinents dans notre travail quotidien. Nous attendons donc de cette session que le projet prenne corps auprès des habitants et des élus pour que les réflexions amorcées grâce à ce concours permettent le développement raisonné de ce territoire.