L'Agora moderne, incubatrice d'initiatives locales

Bordeaux (FR) – Mentionné

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Représentant d’équipe : Jules Eymard (FR) – architecte ; Associés : Paul Jaquet (FR), Maxime Rousseau (FR) – architectes

34 rue Manon Cormier, 33000 Bordeaux – France
agoramoderne@gmail.com

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J. Eymard, P. Jaquet & M. Rousseau

 

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?

Notre équipe s’est formée spécialement pour ce projet, mais nos premières collaborations remontent au début de nos études. Au quotidien, chacun d’entre nous évolue dans des agences différentes, de l’architecture à l’urbanisme, en passant par le design et le paysage. Nos collaborations sont des moments de partage et de réflexions autour d’intérêts communs sur la fabrication du territoire, au sens large du terme. Une partie de l’équipe étant bordelaise, la Caserne de la Benauge s’est présentée à nous comme un défi à relever porteur de sujets d’avenir.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : lʼadaptabilité à travers l'Auto-Organisation, le Partage et/ou le Projet (Processus) ?

Le départ des pompiers de la Caserne de la Benauge laissera un patrimoine moderne remarquable dans un secteur en pleine mutation au cœur de la Rive Droite. L’intégration de ce patrimoine hétérotopique du XXe siècle aux nouvelles pratiques de la ville contemporaine et aux quartiers en mutation qui l’entourent en constitue ses principaux enjeux. Nous pensons que le succès de la métamorphose de la caserne repose sur sa capacité à entrer en résonance avec les mutations urbaines qui l’entourent dans les différents temps de construction de la Rive Droite bordelaise. Partant de là, nous avons proposé de penser des programmations hybrides fonctionnant au travers de “système à réaction” avec les besoins évolutifs du quartier. Plus qu’un projet de réhabilitation, la reconversion de la Caserne de la Benauge est un projet social, un laboratoire pour une autre façon de faire la ville.

 

3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

L’ouverture de la Caserne sur la ville permettra la découverte d’un héritage moderne pour les Bordelais. Le défi de la mutation de la caserne est de conserver les principes du modernisme qu’elle incarne, alors même que sa conception est calquée sur des fonctions originelles appelées à disparaître. C’est la raison pour laquelle il est important de préserver l’essence de ses usages et de révéler les principes qui ont fondé le lieu. En ce sens, le projet ne concerne pas une réhabilitation, mais plutôt une habilitation permettant de conserver le patrimoine d’usage du bâtiment tout en le rendant accessible.

 

4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?

Lorsqu’on commence à imaginer le devenir de la Caserne de la Benauge, nous avons nécessairement le projet Darwin Éco-Système (non loin sur la même rive) dans nos esprits. Ce patrimoine industriel, réhabilité en un lieu de destination, amorce la transformation du quartier Niel. Ce lieu est devenu aujourd’hui un véritable modèle suburbain, au sens où le programme est envisagé à partir du site. Darwin, ou comment la réhabilitation d’un patrimoine par un opérateur privé crée de l’urbanité ? Nous l’avons d’autant plus à l’esprit qu’un membre de l’équipe y travaille quotidiennement et qu’un autre participe à son futur développement. Il ne s’agit pas pour autant de calquer le devenir de la Caserne de la Benauge sur le modèle darwinien, mais plutôt d’en faire une nouvelle “agora” bordelaise opérant par complémentarité plus que par similarité.
De plus, certains membres de l’équipe ont travaillés sur des sujets similaires de réhabilitation de patrimoine public. Que ce soit à Saint-Malo avec la reconversion de la Caserne de Lorette en un quartier mixte, ou à Marseille au travers de l’ouverture sur la ville de la Caserne du Muy. Si chacun de ces projets diffèrent par leur contexte, leur histoire ou leur montage opérationnel, tous tentent de recréer du lien (physique, social, d’usage...) entre ces espaces originellement clos et les quartiers qui les entourent, pour en faire des nouveaux lieux “hyper urbains”.

 

5. Aujourd'hui, à l'ère de la crise économique et du développement durable, le projet urbanoarchitectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps ; de quelle manière avez-vous intégré la question du projet processus ?

Le projet de la caserne s’inscrit dans la “métropole millionnaire” de 2030. Cette ambition impose la création de 75.000 nouveaux emplois et la densification des quartiers comme celui de la Benauge. C’est pourquoi l’un des objectifs de l’agora moderne est de faire entrer en résonance les besoins de formation et d’emploi avec les transformations, réhabilitations et densification du quartier. Le projet propose notamment aux habitants des formations aux métiers de la rénovation, pour qu’ils retrouvent un emploi et participent au développement de leur quartier.
Différents systèmes comme celui-ci sont mis en place pour créer des synergies entre investissements privés et intérêts de quartier. C’est ce que nous appelons les “effets multiplicateurs territorialisés“, processus par lequel l’impact de chaque euro investit est amplifié au profit du bien commun. Cela passe par la recherche d’investissements stratégiques, susceptibles d’engendrer d’autres bénéfices locaux. Cet effet multiplicateur doit être mis en place dans les différents temps du projet, de sa conception à sa réalisation, mais surtout dans le temps de sa gestion pour le pérenniser.

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

L’un des membres de l’équipe a été lauréat Europan 12 sur le site de Saint-Herblain. L’étude en cours porte sur une problématique territoriale bien différente : c’est l’histoire d’un quartier des années 1960, aux qualités de cité-jardin et recherchant un nouveau souffle... Cette première expérience nous montre qu’Europan est un bon moyen d’accéder à la commande dans un contexte difficile, mais qu’il est surtout l’occasion de sortir des pratiques usuelles en abordant librement le projet par la recherche et l’innovation.