Landscape Focus

Saint-Brieuc (FR) – Lauréat

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Représentante d’équipe : Iris Chervet (FR) – paysagiste

Paris – France
+33 6 62 21 12 85 – 77 73 37 70 – iris.chervet@gmail.com – www.irischervet.com

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I. Chervet

 

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?

J’ai répondu seule au concours. A l’issu de mes études d’architecture et d’une formation en paysage, j’avais envie d’imaginer un projet qui s’affranchisse des limites entre architecture, urbanisme et paysage pour proposer une vision de territoire plus cohérente à long terme. Le concours Europan constituait un support propice à cette expérimentation, et a été l’occasion de découvrir une région qui semblait porteuse d’un potentiel paysager inédit.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : lʼadaptabilité à travers l'Auto-Organisation, le Partage et/ou le Projet (Processus) ?

La problématique posée par la ville de Saint-Brieuc traitait de la relation terre-mer. J’ai relativisé cette quête de la mer pour ouvrir le territoire à la diversité de ses paysages : plateau urbanisé ou bocager, vallées boisées, littoral rocheux et zones portuaires. Différentes relations possibles entre terre et mer sont explorées par l’ouverture de vues, par des parcours, par des usages et des activités spécifiques. Plusieurs outils sont développés : un travail de cartographie des points de vue sur le paysage, impliquant un défrichage ciblé dans les vallées ; et une recherche sur l’émergence d’activités liées à la dépollution sur trois sites emblématiques aux estuaires des vallées. La stratégie propose d’équilibrer le paysage infrastructurel en révélant l’ampleur de la géographie naturelle du site et en rendant possible l’ouverture de micro-situations redonnant sens à l’échelle du quartier. Il s’agissait d’explorer la capacité du projet de paysage à transcender les échelles du territoire et à travailler une matière fondamentalement adaptable : le vivant.

 

3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

La ville de Saint-Brieuc a proposé un double site qui remet en question l’idée même d’un périmètre de projet. Le site interroge sur le contexte briochin dans sa globalité et sur les relations entre les espaces mutables de la ville. Ainsi, j’ai tenté d’élargir le sujet à une multiplicité de sites : la question du rapport de la ville à ses paysages implique une diversité de lieux et de typologies d’actions. Le projet se focalise enfin sur trois sites emblématiques aux estuaires des vallées, qui sont à la fois des lieux de transition privilégiés entre mer et vallées, et soulèvent des enjeux écologiques majeurs. Une programmation autour d’équipement environnementaux intégrés au contexte urbain et ouverts au public permet de renforcer cette relation exceptionnelle à la baie.

 

4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?

Le projet articule plusieurs thématiques qui m’interrogent depuis mes études.
J’ai abordé la question de la porosité physique et fonctionnelle des équipements industriels urbains en proposant à Saint-Brieuc des édifices acceptant le public et s’intégrant au paysage. A ce titre, la démarche des Ports de Paris concernant l’intégration de leurs sites dans le contexte parisien est intéressante. La logistique urbaine est une problématique associée à l’engagement des territoires dans une économie de flux et d’énergies.
De plus, la préservation d’espaces ouverts dans un contexte urbain dense soumis à de fortes pressions foncières représente un véritable engagement. Cette volonté a induit ici un travail sur les vues, sur la nécessité de donner à voir le paysage en utilisant le principe de «carte-radar» imaginé par la paysagiste Laurence Crémel. L’enjeu majeur est celui d’une écologie territoriale qui s’émancipe des outils technologiques ou normatifs (des réponses trop partielles), pour une vision qui assume et sert la complexité des territoires et des milieux.

 

5. Aujourd'hui, à l'ère de la crise économique et du développement durable, le projet urbanoarchitectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps ; de quelle manière avez-vous intégré la question du projet processus ?

La stratégie propose le recensement d’une collection de projets possibles dans une vision à long terme, puis sur leur hiérarchisation dans le temps par ordre de priorités. Le projet territorial se met en place à partir d’une gestion du paysage, notamment le déboisement partiel des vallées, qui amorce un cycle vertueux de réemploi de matière pour aménager les espaces publics. Ainsi, le bois sous différentes formes issu de la gestion forestière des vallées peut être utilisé in situ pour réintégrer les vallées dans des parcours urbains et dans des usages quotidiens. Le matériau crée ainsi le lien, dans l’espace et dans le temps, entre chacun des sites de projet.

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

Oui, c’est aussi la première fois que je participe à Europan. Le concours permet la reconnaissance d’une démarche qualitative et de capacités réflexives sur la question de la Ville en général. Il appuie la crédibilité de jeunes professionnels face à leurs clients et encourage les élus locaux à poursuivre le projet et à engager une phase opérationnelle.