Versants versatiles

Saint-Brieuc (FR) – Mentionné

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Représentant d’équipe : Nicolas Pineau (FR) – architecte ; Associés : Jean Chevalier (FR) – architecte paysagiste ; Gaylor Chiari (FR), Noémie Schmidt (FR), Marie-Eve Turpeau (FR) – architectes
Collaborateur : Alexandre Renimel (FR) – étudiant en architecture

1 place René Bouhier, 44100 Nantes – France
+33 6 98 50 85 20 – nicolaspineau@gmx.com

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G. Chiari, N. Schmidt, N. Pineau, M.-E. Turpeau, A. Renimel & J. Chevalier

 

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?

Notre équipe s’est constituée à la suite d’expériences partagées lors de notre parcours commun à l’École nationale supérieure d’Architecture de Nantes. Après avoir développé chacun des compétences complémentaires dans le cadre de formation ou d’expériences professionnelles, nous avons choisi de nous retrouver autour d’un nouveau projet, d’une opportunité de proposer une vision du territoire de demain.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : lʼadaptabilité à travers l'Auto-Organisation, le Partage et/ou le Projet (Processus) ?

Notre lecture du site de projet nous a permis de révéler une des singularités forte du territoire briochin : la ligne topographique 80 m NGF, comme séparation entre deux entités, les espaces urbains des plateaux et les espaces naturels des vallées. Une altération de cette dichotomie entre les deux entités vallées et plateaux apparaît et réintègre le centre-ville historique de Saint Brieuc comme appartenant à l’ensemble de la vallée. L’enjeu du projet consiste à intervenir sur cette lisière, brouiller sa linéarité pour la rendre davantage poreuse.
Plutôt qu’un projet d’aménagement préalablement établi, nous voulons faire du projet l’instrument d’un processus de transformation dont l’inscription dans la durée permettra son ajustement régulier. Deux outils permettront cette adaptabilité : les projets de mobilité et de paysage. Ces outils seront mis à disposition des acteurs locaux pour leur permettre de moduler / d’ajuster selon les sites et la temporalité des actions de transformation. Il s’agira d’accompagner les processus politique, environnementaux et sociaux tout au long d’une stratégie d’urbanisme plutôt qu’un plan d’aménagement urbain global.

 

3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

Le projet propose de transformer la caractéristique séparative et dichotomique de la ligne 80 NGF, pour déployer sur le grand territoire un travail de maillage et de diffusion entre paysage naturel et paysage bâti. Cette démarche nous permet de définir un nouveau système d’urbanisme paysagé en lui conférant des possibilités de déploiement isotrope de part et d’autre de la ligne 80 NGF.
Le centre-ville, au maillage urbain dense, sera transformé par la diffusion d’une continuité paysagère de vallée à vallée, entre le parc des promenades et la place Poulain-Corbion.
Sur le site des friches, le projet propose de faire glisser le maillage du plateau résidentiel le long de la pente, pour accueillir une programmation mixte de logements et d’activités, notamment agroalimentaires en lien avec l’ancienne fonction nourricière de la vallée.
Outre ces deux sites spécifiques, notre stratégie d’intervention s’attache aussi à une échelle plus globale, que le déploiement de la ligne 80 NGF dans le grand paysage rend possible. Le projet de mobilité s’applique à révéler les potentiels de connectivité piétonne qui permettent de rendre la vallée traversable et d’habiter les coteaux. Pour activer l’espace public et révéler les qualités paysagères de la vallée aux Briochins, des emplacements de camionnettes mobiles proposant des programmes itinérants ponctuent l’ensemble de la lisière que constitue l’actuelle ligne 80 NGF.

 

4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?

En termes de méthodologie, nous avons été influencés par l’approche cartographique proposée par l’option de projet “Le même et l’autre” à l’École nationale supérieure d’Architecture de Nantes, au sein de laquelle nous avons produit une lecture complexe du territoire d’Urbino (IT). La convocation de la cartographie a notamment fait émerger ici la ligne 80 m NGF en tant que singularité.
Plus largement, nous rejoignons Paola Vigano quand elle dit que le projet peut être producteur de connaissance (cf. “Les territoires de l’urbanisme”) en fonction des outils mis en place. Théoriquement parlant, nous rejoignons encore Paola Vigano sur les potentiels de la ville diffuse, ou Alain Bourdin sur la nécessité de penser l’incertitude au sein même de la pratique urbanistique.
Notre approche paysagère est quant à elle marquée par Michel Desvigne pour sa vision du projet comme processus ou Lewis Mumford quand il interroge la place du paysage dans le développement urbain.
Enfin, l’histoire peut aussi devenir source de références par la multitude d’éléments encore lisibles sur site : les infrastructures d’Harel de la Noé, l’ancien usage vivrier de la vallée…

 

5. Aujourd'hui, à l'ère de la crise économique et du développement durable, le projet urbanoarchitectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps ; de quelle manière avez-vous intégré la question du projet processus ?

Nous ne proposons pas un projet figé, mais une transformation par actions ciblées dans le temps et l’espace. Cette méthodologie s’accompagne d’une économie de moyen pour d’abord créer des potentiels et éviter de concentrer les moyens de la collectivité dans une transformation immédiate et dont le résultat reste incertain. Cette stratégie d’urbanisme se déploie dans le temps en fonction des différents acteurs et en intégrant les aléas du développement urbain. C’est un système ouvert et évolutif, permettant d’ajuster les actions de transformation au fil du temps et des effets constatés.

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

C’est la première fois que nous participons à Europan. Europan est pour nous, d’un point de vue professionnel, un facilitateur qui offre l'opportunité de débattre directement avec les acteurs du territoire en nous autorisant à emprunter des chemins expérimentaux. Cette procédure hors-cadre, nettement plus ouverte qu'une commande publique classique, nous offre une occasion privilégiée de proposer une vision prospective du territoire.