Between the Lines
Barreiro (PT) – Lauréat
DONNÉES DE L’ÉQUIPE
Représentante d'équipe : Lucie Weber (FR) – architecte ; Associés : Remy Girardin (FR), Arnaud Casemajor-Loustau (FR) – architectes
Contributors: Joachim Bolanos (FR), Francesco Loconte (IT) – architects
1, rue des juifs 67000 Strasbourg – France
+33 6 83 36 45 48 – lucie.weber@live.fr
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A. Casemajor-Loustau, R. Girardin & L. Weber
INTERVIEW
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1. Comment s’est constituée votre équipe à l’occasion du concours ?
L'équipe à été constituée naturellement suite au croisement récurrent de nos parcours respectifs : à l’école d’architecture, mais aussi en agences. Nous sommes tous architectes, mais nos centres d'intérêts sont variés et nos sensibilités bien différentes. Comme nos discussions autour du projet ont pu être longues ! Ce sont justement ces sensibilités différentes qui, comme des compétences variées, ont fait notre force et notre grande complémentarité.
2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : l’adaptabilité à travers l’Auto-Organisation, le Partage et/ou le Projet (Processus) ?
Nous avons choisi ce site pour répondre aux problématiques du thème de la ville adaptable 2 par une réponse qui synthétisait nos réflexions programmatiques, urbaines et paysagères à l'échelle d'une intervention "architecturale" forte. Cette réponse qui se voulait donc formelle est devenue un système. Ce squelette est une structure permettant une adaptabilité au gré des besoins et des envies des utilisateurs potentiels auto organisés et partageant ce système. Le projet permet d'unifier, à une échelle s'inscrivant dans le grand paysage, un programme hétérogène et fluctuant tout en résolvant les problèmes urbains et paysagers du site en l’état.
3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?
Nous avons tenté d'intégrer la problématique de la ville adaptable à tous les stades de notre réflexion.
A l'échelle territoriale, par un travail de recherche afin de comprendre la mutation du site dans le contexte plus large des transformations en cours à Barreiro et dans la métropole de Lisbonne, ce qui nous a permis d'identifier des besoins et d'avoir une stratégie globale.
Par la suite, en faisant un inventaire des éléments présents sur le site (bâtiments avec une identité architecturale et culturelle fortes, traces du passé industriel, qualités paysagères et vues à exploiter, usages...) et en se posant pour chacun la question d'un potentiel à révéler.
Enfin, en inventant un programme qui s'appuie sur les activités et initiatives locales existantes de la ville afin de les encourager et permettre leur développement.
4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le votre ?
Ce sont des thèmes et des sujets très actuels que nous avions tous traités dans nos projets d'école. Les pratiques architecturales "conventionnelles" actuelles, la façon de faire la ville et le monde de la construction semblent encore bien peu concernés par ces questions pourtant urgentes, nos vies professionnelles en sont donc encore trop éloignés. C'est tout l'intérêt d'un concours comme Europan : il permet de se poser ces questions concrètement.
Dans la réflexion menée à Barreiro, ce sont les idées et travaux de paysagistes comme Michel Corajoud ou Gilles Clément qui ont pu nous guider. Ce dernier dit par exemple : "Nous constatons la part à la fois intime et décisive de l'artiste en ce qu'il modifie le tout par une intervention sur les limites et non sur la totalité du système." L’idée de structure à remplir permettant une appropriation vivante par les habitants à déjà pu être expérimentée par Alejandro Aravena dans le cadre de logements sociaux par exemple.
5. Aujourd’hui à l’ère de la crise économique et du développement durable, le projet urbano-architectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps ; de quelle manière avez-vous intégré la question du projet processus ?
Sans écarter complètement l'idée d'une intervention d'un pouvoir public, nous avons pensé un projet où cette action peut-être réduite à un minimum sur le plan économique comme dans sa fabrication dans le temps. La question du projet-processus est intégrée selon différentes stratégies en fonction des échelles :
A l'échelle du grand site, les interventions se concentrent principalement sur les limites. Nous pensons que c’est en qualifiant ces limites que nous pourrons rendre possible un avenir en son sein, quel qu’il soit. Le cœur du projet, encore occupé par un grand parking, est traité de façon paysagère et "écologique" : des arbres sont plantés pour améliorer les ombres et le cadre de vie actuel tout en proposant un potentiel futur différent. Le site sera devenue un parc en bord de rivière, inclus dans un grand parcours naturelle dans la métropole de Lisbonne urbanisée.
Sur la limite ouest du site, le projet est un squelette qui fabrique un cadre "facilitateur" aux initiatives associatives privées ou publiques. Dès sa construction elle délimite et qualifie une nouvelle zone de promenade et d’usages, mais peut rester une grille à remplir.
Nous ne pensons pas que le progrès du développement durable puisse se faire sans l’impulsion d'un pouvoir public. Le mode de traitement des eaux polluées et l'utilisation de matériaux recyclés sont minimes et peu couteux : financés par le pouvoir public, ils ont une vocation pédagogique. Ils sont un exemple de ce qui est possible afin d'encourager ces modes de construction et de développement en auto organisation et dans différentes temporalités.
6. Est-ce la première fois que vous êtes primé à europan ? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?
C'est la première fois que nous participions à Europan. Notre prix nous encourage à poursuivre nos réflexions sur la ville et le projet architectural de demain. Nous espérons évidement une concrétisation de nos idées à Barreiro, mais ne nous engageons pas encore à monter notre agence dans le cadre conventionnel d'hier : le rôle même de l'architecte est en mutation, il s'agit donc de trouver notre pratique de demain ; nous sommes sur le chemin.