Collective Unit
Paris (FR) – Mentionné
DONNÉES DE L'ÉQUIPE
Représentant d'équipe : Julia Tournaire (FR) – architecte ; Associés : Marie-Charlotte Dalin (FR) – architecte
+33 6 76 76 72 80 – a.collectiveunit@gmail.com
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J. Tournaire et M.-C. Dalin
INTERVIEW
1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?
Nourries de nos expériences respectives, nous avons amorcé ces dernières années la construction d’une vision commune, propre à nous, de la ville et de l’architecture. Cette vision s’est incarnée il y a trois ans au travers du projet de fin d’études que nous avons réalisé ensemble. Depuis, la poursuite de notre travail conjoint est toujours restée inhérente à nos aspirations. La participation au concours Europan nous est apparue comme une opportunité de confronter notre pensée à de nouvelles problématiques de la ville.
2. Pouvez-vous définir la problématique principale de votre projet, en insistant sur votre manière de répondre à la question centrale de la session : lʼadaptabilité et les rythmes urbains ?
La ville adaptable est avant tout la ville dont l’offre urbaine a, de tout temps, la faculté d’inscrire les pratiques contemporaines de ses habitants et d’incarner leurs désirs partagés. A Paris, comme dans d’autres grandes métropoles, 50% des ménages se constituent d’un seul individu, et les personnes célibataires ou en déplacement pour des raisons professionnelles abondent. Ces néo-nomades, individus polytopiques, engendrent des pratiques de l’habiter très dynamiques en multipliant leurs lieux de réalisation. C’est ici que pour nous réside le principe de l’adaptabilité urbaine contemporaine. La ville adaptable doit pourvoir un interrelationnel variant grâce à la mise en relation directe, et non hiérarchisée de l’individu seul avec l’entièreté du territoire urbanisé. Ainsi, la ville de Paris fournirait un nouveau type d’infrastructure, un équipement collectif de l’habiter nommé ‘unité collective’. Il consisterait en un lieu d'agrégation d’unités individuelles, totalement indépendantes les unes des autres, en relation directe avec le reste du territoire et pouvant choisir leurs collaborations fugaces.
3. Comment cette problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées?
Dans la structure urbaine de Paris, la bande de territoire située entre les boulevards des Maréchaux et le boulevard Périphérique joue un rôle très spécifique pour la ville. Outre son importante offre infrastructurelle complétée grâce à la mise en service du tramway, elle loge une grande partie du collectif parisien. Le logement collectif, comme de nombreux et larges équipements, y trouve sa place. Cette bande nous apparaît donc comme la bande collective et infrastructurelle de la ville, capable à la fois d’accueillir des pratiques quotidiennes cohabitantes et de relier l’ensemble des situations de la ville historique, voire du Grand Paris, entre elles. Nous considérons la ‘bande collective’ parisienne comme la part d’adaptabilité de la métropole parisienne et imaginons qu’elle pourvoit la parfaite situation à l’installation d’une nouvelle offre infrastructurelle par les pouvoirs publics.
4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment et pourriez-vous présenter quelques projets références pour le vôtre ?
C’est la première fois que nous nous confrontons à une telle problématique et à une telle situation urbaine. Il était important pour nous d’en donner une définition propre et d’en soulever judicieusement les questions avant d’élaborer une réponse possible. Quelques pensées de référence ont forgé notre discours, en particulier le livre L’Avènement du monde de M. Lussault, l’article de F. Migayrou, De la ville à la métropole, de l’inscription à l’interrelation publié dans la cadre de l’étude Habiter le Grand Paris de l’agence DPA, et la conférence Individus et société : comment trouver sa place dans la ville d’aujourd’hui de la Villa Gillet.
En ce qui concerne notre réponse à la problématique de la ville adaptable, quelques projets ont permis d’élaborer sa construction. La réinterprétation de la grille urbaine comme élément à la fois structurant et flexible qu’ont fait Koolhaas, avec le projet The City of the Captive Globe, et Leonidov, avec le projet urbain à Magnitogorsk (RU), nous a particulièrement intéressées. Ces portraits de métropole présentent des similarités certaines avec la situation urbaine rencontrée Porte des Poissonniers et ses bandes successives, ‘capsules’ indépendantes et formes urbaines libres. La recherche d’Absalon sur la cellule comme unité résidentielle compacte réduite à l’essentiel nous a également beaucoup inspiré : contrairement aux architectes modernes, il a tenté de donner à chaque cellule un aspect unique et individuel, déplaçant la problématique de l’adaptabilité davantage du côté de la particularisation que de la standardisation. Enfin, les Portraits de Thomas Ruff parlent du sujet de la ville adaptable, l’individu dans sa multitude et sa singularité, l’habitant contemporain.
5. Aujourd'hui, à l'ère de la crise économique et du développement durable, le projet urbano-architectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps ; de quelle manière avez-vous intégré la question du projet processus ?
La problématique de la ville adaptable et du développement durable dans le processus de projet ne nous apparaît pas sous l’angle de la progression et du phasage d’une intervention programmée, mais plutôt d’une révélation scandée de l’existant. L’urbanisme de révélation que nous proposons envisage non pas l’importation d’une forme urbaine automatisée, envisagée comme une solution aux problèmes pointés, mais plutôt l’acceptation, la magnification et la viabilisation de la condition urbaine présente. Par l’établissement de paradigmes et d’une vision partagée, le projet souhaite décrire et intensifier l’existant. De ces derniers découlent une série d’actions indépendantes, à la logique accumulative, et n’appelant donc pas au phasage et à la complétude d’un master plan traditionnel.
6. Est-ce la première fois que vous êtes primé à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?
Oui, c’est la première fois que nos sommes primées. Nous considérons qu’Europan nous offre la formidable opportunité de pouvoir partager nos idées avec les différents acteurs de la ville et de les confronter à la réalité politique du développement de cette dernière.