Cycles, Sol, Air

Metz (FR) - Mentionné

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Représentant d’équipe : Antoine Allorent (FR) – urbaniste ; Associée : Fanny Chenu (FR) – architecte 
Collaborateur : Guillaume Nicolas (FR) – architecte-ingénieur

16bis avenue Bosquet, 75007 Paris – France
+33 6 66 55 15 86 – allorentoine@hotmail.fr

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A. Allorent, F. Chenu & G. Nicolas (© N. Abadie)

 

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?

Nous nous sommes réunis par affinité architecturale et conceptuelle, autour de motivations complémentaires pour travailler sur la reconversion de la BA128 : la question de la transformation d’un patrimoine militaire, une fascination pour ce « paysage-monument », et un intérêt partagé concernant le devenir des franges périurbaines.
En phase d’analyse, l’équipe s’est aussi appuyée sur plusieurs rencontres avec des paysans exploitants, des maraîchers, un spécialiste de la programmation urbaine, d’anciens militaires de la BA128 et des habitants de la métropole.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : lʼadaptabilité à travers l'Auto-Organisation, le Partage et/ou le Projet (Processus) ?

Le sujet était ici l’intégration d’un vaste territoire emblématique et méconnu dans le développement urbain, à un moment où la ville de garnison qu’a été la métropole messine doit se réinventer. L’analyse du contexte a confirmé la volonté d’intégrer au site le sport et les loisirs, ainsi que le développement d’activités en lien avec la construction et l’ouverture à l’agriculture périurbaine.
L’enjeu principal est devenu le suivant : comment absorber chaque entité de programme dans un processus global et équilibré, où chacune porterait mutuellement bénéfice aux autres, tout en profitant aux sites et activités préexistantes alentour. La notion d’adaptabilité est ici implicite. L’auto-organisation, le partage et la participation des usagers ont leur place dans ce processus, mais ne se révéleront vertueux que s’ils sont volontaires et non subis.

 

3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

Le potentiel du site nous a semblé incontestable vis-à-vis de notre problématique, les données inhérentes à la BA128 étant de puissants leviers pour esquisser de nouvelles dynamiques :

- de nombreux bâtiments à reconvertir, d’échelles variables dont la structure simple et ouverte laissent place à une grande diversité d’occupations possibles ;
- une trame paysagère forte et évocatrice, qui porte le caractère historique et monumental du site ;
-de vastes étendues de terrains disponibles, dont la mise en exploitation semble aisée sur une grande partie du site, et qui pour le reste (sols pollués ou partiellement occupés) sont propices à l’expérimentation opérationnelle urbaine.

 

4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?

Nous avions des expériences complémentaires en matière de reconversion urbaine, de réhabilitation patrimoniale, ou de projets participatifs, mais pas encore sur un territoire de cette ampleur. Ce concours était du reste une première occasion d’approcher le sujet de l’agriculture périurbaine.
Parmi les références qui ont nourri nos recherches, plusieurs initiatives locales récentes, telles que :

- l’unité expérimentale de l’INRA à Mirecourt (Vosges), qui associe chercheurs en agronomie, agriculteurs et techniciens agricoles sur un site d’exploitation autonome ;
- le « Digital Farm Project » de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Metz, programme international et collaboratif réunissant étudiants en ingénierie mécanique et agricole ;
- le programme « Bâtiment durable et intelligent » en Moselle qui encourage des projets innovants d’éco-construction mettant en relation chercheurs, entrepreneurs, artisans et bureaux d’études .

Nous ont aussi inspirés : d’une part, la réouverture de Tempelhof à Berlin comme parc urbain depuis 2010, et la volonté des habitants de préserver ce site dans toute son étendue comme lieu de promenade et de loisirs ; et d’autre part, et sur une note plus insolite, le temple de Teotihuacán (qui, dans sa similitude d’orientation et de dimensions, nous renvoyait à la monumentalité du lieu).

 

5. Aujourd'hui, à l'ère de la crise économique et du développement durable, le projet urbanoarchitectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps ; de quelle manière avez-vous intégré la question du projet processus ?

Notre proposition a pris forme en testant les hypothèses d’investissement des bâtiments et des terrains, nous interrogeant à chaque fois sur la temporalité de ces nouveaux usages. Cette question était indissociable de celles des modes opératoires : quels montages privilégier selon les sites et activités, quels publics associer selon les initiatives, comment favoriser ces lancements de projets, souvent imbriqués les uns dans les autres.
Aussi avons-nous organisé notre proposition autour du rapport au temps, laissant place à une grande liberté d’action par la suite, en présentant :

- les « Priorités », pour une appropriation du site la plus immédiate et par le plus grand nombre ;
- les « Permanences », qui fondent l’identité à venir du site et ont vocation à s’y inscrire durablement : il s’agit autant de l’évolution du paysage que d’éléments de programme essentiels ;
- les « Alternances », tout un champ de possibles que peut librement accueillir le site de la BA128 au gré des saisons et des années, et qui, réunis, participent autant à son renouveau.

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

Ce prix est une première pour nous. La reconnaissance de notre travail et la visibilité dont il va bénéficier sont aussi encourageantes que stimulantes.
L’intérêt que portent les structures locales quant aux suites à donner aux projets primés sur la reconversion de la BA128 est aussi enthousiasmant, en espérant que ce résultat soit un nouveau point de départ qui nous amène à poursuivre et confronter nos premières réflexions à la réalité du terrain.