La Clé des Champs

Montreuil (FR) – Mentionné

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Représentant d’équipe : Florent Descolas (FR) – architecte ; Associés : Mathieu Garcia (FR), Adrien Mondine (FR) – architectes

OYAPOCK architectes, 11 rue Manin, 75019 Paris – France
+33 6 30 06 34 66 – am@oyapock-architectes.com – www.oyapock-architectes.com

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M. Garcia, F. Descolas & A. Mondine

 

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?

Nous travaillons quotidiennement ensemble depuis plus de cinq ans et avons décidé de participer à Europan en parallèle du démarrage de notre propre activité. Europan nous est apparu comme une évidence car c'est un concours qui offre l’opportunité de développer une pensée urbaine et architecturale sur un contexte concret et local.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : lʼadaptabilité à travers l'Auto-Organisation, le Partage et/ou le Projet (Processus) ?

La problématique du Quartier du haut Montreuil est représentative du développement du Grand Paris : comment profiter de l'opportunité que représente l'arrivée des nouveaux transports collectifs (métro lignes 9, 11 et 15, et tramway T1) pour reconnecter un secteur de ville jusque là isolé tout en préservant ce qui fait sa spécificité et sa richesse? Comment densifier un quartier, accueillir de nouvelles activités tertiaires et développer l'offre de logements sans reproduire le modèle ségrégatif de développement radioconcentrique ?
Dans la perspective d'une ère post carbone nécessitant de relocaliser les échanges, il nous est apparu nécessaire de réintroduire une production nourricière de proximité, renouant ainsi avec une culture traditionnelle de la ville de Montreuil. Cette activité agricole vise non seulement à garantir un apport alimentaire, mais permet aussi d'organiser le cycle de consommation/production selon un fonctionnement vertueux d'échange et de revalorisation entre déchets, énergie et alimentation (chaleur, excréta, agriculture) : à l'image de la couronne légumière du XIXème siècle, les nouveaux quartiers du Grand Paris pourront ainsi limiter l'impact de l'habitat sur le territoire.

 

3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

Le quartier du haut Montreuil est caractérisé par une forte présence de grandes parcelles d’activités et d’entreposage, dont la nécessaire mutation est l’un des enjeux fondamentaux du projet. Le démantèlement de l’A186 est une opportunité pour transformer ce qui est aujourd’hui une fracture qui divise le Bas du Haut Montreuil en un lieu de rassemblement. L’autoroute, transformée ainsi en une forêt linéaire qui tisse des liens entre ces deux quartiers ainsi qu’entre Romainville et Fontenay-sous-Bois, réinterroge les transports liés aux activités environnantes. Notre projet propose une sectorisation des activités et une mutation typologique basée sur une approche de la mise en commun d’un maximum de services entre activités, permettant notamment une refonte du transport du dernier kilomètre, ce qui permet à la fois de redonner des espaces publics et dédiés à l’agriculture urbaine et de trouver une mixité programmatique sur ces parcelles.

 

4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?

C’est la première fois que nous traitons cette problématique à cette échelle. Plutôt que de s’appuyer sur des projets références, notre approche s’est basée sur la recherche et l’assimilation du déjà-là d’une part, mais aussi des projets en cours, et notamment celui du quartier Saint-Antoine Murs-à-pêches en prolongeant certaines des problématiques qu’il soulève et en le reliant aux autres projets en cours, comme la ZAC Boissière-Acacia.

 

5. Aujourd'hui, à l'ère de la crise économique et du développement durable, le projet urbanoarchitectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps ; de quelle manière avez-vous intégré la question du projet processus ?

Le projet urbano-architectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps, mais aussi dans l'espace. A travers ce projet, nous avons tenté d'illustrer un processus de développement urbain dont la densité de l'habitat est déterminée par la capacité nourricière des espaces productifs (lanières agricoles, serres sur les toits). Ainsi, c'est l'espace cultivé qui permet de définir la surface bâtie. L'espace public n'est plus un espace résiduel dédié aux voitures, mais devient la genèse du processus de création de la ville. Par un jeu d'opérations tiroirs initiées à partir d'une parcelle en mutation, les entrepôts existants sont réorganisés de façon à optimiser leur emprise foncière et à créer les "chemins de traverse". Sur ces socles d'activités, dont les murs rappellent les murs à pêche, vont pouvoir s'ériger les constructions légères, dont la trame structurelle permettra la flexibilité des usages, entre logements et activité tertiaire, l'ensemble participant au fonctionnement de cet écosystème urbain.

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

C’est la première fois que nous sommes primés à Europan. Nous considérons ce concours comme une opportunité d’épanouissement professionnel et une manière d’enrichir le débat urbain. Nous espérons qu’Europan nous offrira la chance d’approfondir nos idées avec l’ensemble des acteurs et habitants de la ville de Montreuil.