La ville intermédiaire
Genève (CH) – Lauréat
DONNÉES DE L’ÉQUIPE
Représentante d’équipe : Yony Santos (CH) – architecte ; Associé : Mounir Ayoub (CH) – architecte
Collaborateurs : Nuria Fernandez (ES), Vanessa Lacaille (FR) – architectes
1 rue Joseph-Pasquier, 1203 Genève – Suisse
+41 78 917 2010 – mail@yonysantos.ch – yonysantos.ch
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M. Ayoub, N. Fernández, V. Lacaille, Y. Santos © E. Murcia Artengo
INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?
Nous nous sommes rencontrés à l’Accademia di architettura di Mendrisio dans le Tessin en 2003. Nous vivons et travaillons à Genève depuis 5 ans. Le site suisse d’Europan 13 situé dans la métropole genevoise a été l’occasion idéale pour mettre en pratique nos convictions sur un territoire que nous habitons et où nous exerçons quotidiennement.
2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : lʼadaptabilité à travers l'Auto-Organisation, le Partage et/ou le Projet (Processus) ?
L’hypothèse essentielle de notre travail est que chaque habitant a droit au paysage et à l’urbain. Nous commençons par une observation et une analyse précise d’un territoire spécifique. Nous proposons ensuite un processus de travail collectif entre les habitants du territoire et les différents acteurs publics et privés. Ce processus partagé doit aboutir à l’élaboration d’une charte définissant les règles communes pour la mutation de ce territoire. En définitive, cette charte garantira les droits fondamentaux au paysage et à l’urbain. Nous proposons un nouveau modèle de gouvernance circulaire plutôt qu’une planification à priori.
3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?
Pour Genève, la densification des zones villas est une opportunité pour développer la ville. Le site de projet, ancien territoire agricole, est aujourd’hui un quartier peu dense de maisons individuelles, situé à cheval sur 3 communes de l’agglomération genevoise. Il est bien desservi par les transports en commun et bénéficie d’une situation géographique idéale, entre deux cours d’eau et regardant vers les montagnes alentours. Il jouit à la fois des avantages du rural et de la proximité du centre ville. Actuellement, les opérations immobilières « au coup par coup » ne permettent pas de densifier suffisamment le quartier. Notre projet de « la ville intermédiaire » propose un processus d’élaboration avec les habitants d’une charte spécifique à ce territoire. Les principes de la charte permettront une densification positive du quartier.
4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?
Nous ne pouvons plus envisager le territoire contemporain à partir de la ville constituée telle que nous la connaissons aujourd’hui. Cette forme d’implantation humaine est révolue. Aussi bien les quartiers auto-construits et denses que l’habitat diffus et dispersé, définissent le territoire comme un environnement de relations. Le droit au paysage et le droit à l’urbain s’y exercent par le partage intense et négocié des biens naturels et des biens publics. Dans le territoire définit comme un environnement partagé, il se produit en permanence une lutte pour le droit au paysage et le droit à l’urbain. Dorénavant, la forme suit le partage.
5. Aujourd'hui, à l'ère de la crise économique et du développement durable, le projet urbanoarchitectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps ; de quelle manière avez-vous intégré la question du projet processus ?
Les modèles actuels de production de la ville ont montré leurs limites par leurs inefficacités et leurs rejets de la part des habitants. C’est un problème de gouvernance territoriale. Notre projet est un processus collectif de transformation d’un environnement habité et non une planification de forme de ville a priori. Nous proposons un nouveau modèle de gouvernance qui rassemble les acteurs autour d’un processus partagé d’élaboration d’une charte commune pour la transformation d’un territoire spécifique.
6. Est-ce la première fois que vous êtes primé à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?
Oui, c’est notre première opportunité d’appliquer notre projet sur un site concret. Pour la problématique de la densification des zones villas dans la métropole genevoise, nous proposons un projet opérationnel et adapté aux enjeux et spécificités locales à partir d’un nouveau modèle de gouvernance. A Genève ou dans d’autres métropoles suisses et européennes, il faut tout essayer pour mettre en place ce nouveau modèle de gouvernance territoriale. Car la ville telle qu’elle se fabrique aujourd’hui échoue tant elle ne correspond plus à la réalité contemporaine du territoire.