Lieu(x) de négociation(s)
Paris-Saclay (FR) – Lauréat
DONNÉES DE L'ÉQUIPE
Représentant d'équipe : Yvan Okotnikoff (FR) – architecte ; Associés : Aurelien Delchet (FR) – architecte ; Thibault Barbier (FR), Mathieu Delorme (FR) – ingénieurs paysagistes - urbanistes ; Thomas Nouaillier (FR) – architecte urbaniste
Collectif Georges, 15 bd de Picpus, 75012 Paris – France
contact@collectifgeorges.fr – www.ateliergeorges.fr
Voir la liste complète des portraits ici
Voir la page du site ici
collectif Georges : A. Delchet, T. Nouailler, T. Barbier, M. Delorme and Y. Okotnikoff
INTERVIEW
1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?
Il y a, au départ le plaisir de travailler ensemble, et l’envie de mettre en commun des expériences diverses de la « fabrication » du territoire – au sens large du terme.
Maîtrise d’œuvre traditionnelle, maîtrise d’œuvre urbaine, études stratégiques ou prospectives, assistance à maîtrise d’ouvrage, enseignement, recherche… le collectif Georges est un outil qui permet le prolongement de trajectoires complémentaires, leur mutualisation et leur synthèse.
2. Pouvez-vous définir la problématique principale de votre projet, en insistant sur votre manière de répondre à la question centrale de la session : lʼadaptabilité et les rythmes urbains ?
Nous partons d’un constat simple, que d’autres ont formulé avant nous : la ville déborde très largement ses concepteurs.
La véritable qualité urbaine dépend au moins autant de l’appropriation habitante que de sa conception initiale. Elle ne se prédétermine pas mais s’affine au jour le jour, se règle sans cesse.
Bien sûr nous considérons le rôle des concepteurs primordial, mais nous pensons qu’il faut rester vigilant et ne pas confondre le chemin et la destination.
Partant de là, nous avons proposé, sur le site de Saclay, de penser l’aménagement non pas comme un but à atteindre, mais plutôt comme un moment particulier où se définit le cadre de négociations permanentes entre les différents acteurs du territoire.
3. Comment cette problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?
La définition de ce cadre de négociations est une réponse à la complexité du jeu d’acteur (gouvernances, tensions politiques, conflits entre les intérêts locaux et nationaux), aux aléas programmatiques et financiers du projet de cluster (Grand Paris Express, Plan-campus, arbitrages gouvernementaux, versatilité des investissements privés…) et aux problématiques environnementales (Plan de Prévention des Risques d’Inondation, Site Naturel Classé, Espace Naturel Sensible…)
Elle prend appui sur un dispositif matérialisé par cinq lieux de projet, cinq plateformes qui sont l’occasion :
- de réglages entre la vocation métropolitaine du site et sa vie au quotidien ;
- de convergences entre les dynamiques naturelles (l’Yvette et les résurgences du plateau, les écosystèmes remarquables, la micro topographie…) et les dynamiques urbaines (projet du centre-ville élargi en vallée, programmes universitaires sur le coteau, expérimentations du plateau...) ;
- de proposer un ensemble de principes pour que ce fragment de métropole acquière et conserve une certaine plasticité, qu’il demeure adaptable « dans sa chair ».
4- Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment et pourriez-vous présenter quelques projets références pour le vôtre ?
Le collectif Georges, associé à l’Atelier Laetitia Lafont, est actuellement en charge de l’élaboration du schéma de référence du quartier de gare de Savenay (44). Il s’agit d’organiser la mutation d’une zone d’activité en un ensemble à dominante résidentielle.
Le projet identifie et révèle un archipel « d’îles habitées » par la recherche de nouvelles alliances, de nouvelles formes cohabitations avec le milieu naturel de la plaine. Un nouveau paysage se dessine alors qui réinterprète le maillage bocager et le système hydraulique de l'estuaire de la Loire
A l’instar des plateformes de Saclay, chaque île comporte un noyau dur qui amorce la constitution du quartier (foncier disponible et porteur de projet identifié), et une frange à la programmation flexible, capable de s’adapter aux évolutions des attentes politiques et habitantes. Île par île, le quartier peut ainsi se définir de manière cohérente et souple.
Par ailleurs, nous suivons avec la plus grande attention les expérimentations qui permettent d’interroger la méthode et les outils de l’urbanisme. Il y a notamment :
- à propos de la négociation : la démarche Atelier National, portée par le Ministère de l'Égalité des Territoires et du Logement pour explorer de nouvelles approches de projet et de partenariat sur des territoires complexes et de grande dimension ;
- au sujet de la convergence entre dynamiques naturelles et urbaines : les travaux récents de Stig L. Andersson (SLA), qui cherche à faire coexister la question des rythmes naturels et urbains dans un même ensemble ;
- concernant la plasticité urbaine et immobilière : les éco-hameaux des Buis, de Méasolle et de Cintenat en Ardèche, basés sur une construction bioclimatique à partir de matériaux locaux, peu coûteux et qui mettent en œuvre des savoir-faire vernaculaires, ou le projet Hunziker Areal portée par « mehr als wohnen » à Zürich (CH) dans un contexte plus urbain.
5- Aujourd'hui, à l'ère de la crise économique et du développement durable, le projet urbano-architectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps ; de quelle manière avez-vous intégré la question du projet processus?
De manière assez indépendante de la conjoncture ou de la doxa environnementale, l’actualité de Saclay appelle des aménagements progressifs et réversibles.
Le projet doit en effet être en mesure de s’inscrire dans la réalité actuelle du terrain, mais aussi dans celle du cluster Paris-Saclay de demain.
Entre ces deux exigences, personne ne peut avancer avec certitude où se positionnera finalement le curseur, ni à quel rythme le cluster va se constituer.
Prenons l’exemple de la mobilité qui est au centre de notre proposition. Dans un premier temps, les déplacements sont organisés autour d’un axe piéton et cycle Nord/Sud : le chemin le plus court pour relier la ville et le plateau. En fonction de l’évolution des plateformes comme des projets du plateau ou du centre-ville, cet axe pourra potentiellement évoluer vers un mode de déplacement plus « lourd » (de type téléphérique) et/ou se voir complété par un système de desserte secondaire (bus, voire tramway).
Le dispositif permet de faire évoluer le schéma de transport au plus près des besoins du site, mais aussi de l’actualité du projet et de chacune de ses plateformes.
6- Est-ce la première fois que vous êtes primé à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?
Nous avons eu la chance de participer à plusieurs projets lauréats, dont « Mesures Ligériennes » (Europan 11), sans lequel nous n’aurions pas été retenu pour l’étude de Savenay évoquée plus haut. Pour nous, Europan reste d’abord un moyen d’accéder à la commande dans un contexte difficile, mais c’est aussi un moment privilégié de travail et d’échanges qui alimente notre activité quotidienne.