When the Allier becomes City

Moulins( FR) – Mentionné

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Représentant d’équipe : Simon Guillemot (FR) – architecte ; Associés : Charly Crochu (FR), Jean-Benoît Boccaren (FR) – architectes
Collaboratrice : Camille Serres (FR) – architecte

Projet08, 12 rue Christian Dewet, 75012 Paris – France
+33 6 99 24 47 06 – architectes@projet08.com – www.projet08.com

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J.-B. Boccaren, S. Guillemot & C. Crochu

 

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours?

Projet08 vise à poursuivre et développer dans la pratique un enseignement commun reçu à l’école de Paris-la-Villette, constitué autour du lien intrinsèque entre ville et architecture. Attachés à l’exercice du projet urbain, notre approche vise à dessiner le tissu urbain comme un système flexible et adaptable dans la ville contemporaine.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : lʼadaptabilité à travers l'Auto-Organisation, le Partage et/ou le Projet (Processus) ?

Autour du thème proposé : « Comment transformer des obstacles physiques en nouvelles connexions ? », le projet considère la ville de Moulins comme un point d’inflexion dans le parc du Val d’Allier, et propose de réintégrer le faubourg au cœur de la ville, en faisant de l’Allier un espace fédérateur mettant en relation les deux rives. Point de départ d’une nouvelle trame d’espaces publics qui structure la ville en profondeur, la rivière devient le lieu de développement de nouvelles activités et pratiques sociales.

 

3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

Aujourd'hui, le faubourg de la Madeleine est caractérisé par deux types d'urbanisation mal articulés : des îlots de faubourg, constitués d’un tissu pavillonnaire le long des voies et de quelques lotissements en impasses, où subsistent encore quelques terrains agricoles au centre ; et de grands enclos institutionnels, comme ceux du CNCS et du diocèse.
Nous avons envisagé la mutation du site en nous appuyant sur un système de densification progressive des îlots de faubourg en réinterprétant les formes urbaines existantes. La reconstitution du tissu urbain par la densification des îlots, ainsi que la création d'espaces ouverts au centre créent une nouvelle forme urbaine articulant les deux morphologies existantes. Ce principe nous permet de faire évoluer le tissu urbain de manière cohérente tout en suivant au mieux l'évolution de la demande et de la démographie de Moulins.

 

4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?

Nous avons fréquemment été confrontés à la question du rapport entre la ville et l’eau et à son potentiel majeur à travers nos expériences. Un de nos projets référence est celui proposé par l’atelier germe&JAM à Vitry-sur-Seine (FR), qui met la problématique des risques d’inondation au cœur du projet d’aménagement, à la fois en terme d’infrastructures, d’espaces publics et de définition des tissus urbains. Cet urbanisme du fleuve interroge notamment la question de la transparence hydraulique et l’accessibilité du site en cas de crues. L’aménagement des rives de Saône réalisé par l’agence In Situ, qui développe des espaces de loisir et de détente en zone inondable, nous a également influencés, l’eau et ses espaces de débordement y retrouvant leur territoire jusqu’au centre de la ville. Le dessin du parc de la Gare aux Bateaux nous a également été en partie inspiré par le projet du Qunli National Urban Wetland (CN), qui développe un espace paysager agissant comme une éponge, en permettant d’absorber les différents aléas liés à l’eau tout en conservant un caractère sauvage, mis en scène pour le promeneur par un système de passerelles et promenades à différents niveaux.

 

5. Aujourd'hui, à l'ère de la crise économique et du développement durable, le projet urbanoarchitectural doit repenser son mode de fabrication dans le temps ; de quelle manière avez-vous intégré la question du projet processus ?

Si la question de l'économie d'un projet urbain et de son impact sur l'écosystème se pose plus fortement aujourd'hui en période de crise économique et de la COP21, elle est, pour nous, une donnée inhérente à tout projet urbain et passe par la rationalité du projet et sa capacité à intégrer une mixité fonctionnelle dans les morphologies proposées.
Rationnelle, parce que notre approche repose sur la mutation du tissu urbain existant et sa transformation progressive. La création de nouveaux espaces publics s'appuie sur le prolongement et le renforcement des tracés et espaces existants rendant le projet plus économe en termes d’infrastructure. La constitution d'un tissu urbain dense et flexible doit permettre de soutenir le financement d'espaces publics de qualité. Les formes urbaines implantées, et particulièrement celle du faubourg, offrent une grande flexibilité d’usages et de fonctions, qui interrogent la possible imbrication et coexistence de typologies variées. Si le projet interroge un quartier, l'acte de planification urbaine est un formidable levier pour le dynamisme de la ville et de son territoire. Modifier la ville, c'est redéfinir son image et sa pratique.
Prenant comme problématique centrale du projet la relation entre la ville et son territoire, nous avons étudié l'idée d'implanter, un grand parc comme une vitrine économique et culturelle liant Moulins à son arrière-pays. Situé au point de tangence entre l'espace urbain, la plaine agricole qui l'entoure et la rivière de l'Allier, à la croisée de grands axes structurants, il est implanté à un point stratégique pour la création d'un espace au programme flexible, pouvant accueillir des espaces de recherche et d'enseignement, d'activités économiques et culturelles.

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

C’est la première fois que nous participions au concours. Cette reconnaissance sera un moyen pour nous de concrétiser notre démarche et d’amorcer une dynamique de réflexion et de production en lien avec les représentants des villes. C’est aussi un moyen d’émerger modestement sur la scène architecturale et d’accéder à de premières commandes dans un contexte difficile pour les nouvelles générations.