Greffe et sutures

1996

La ville est une forme organique en transformation dans le temps. Y greffer un espace nouveau nécessite son identification et sa compatibilité avec le tissu existant des réseaux et de la nappe de pavillons.
Le projet fait référence à la cité linéaire de Le Corbusier et au strip de Las Vegas. Les sites sont les points de suture de la greffe, des lieux névralgiques liés à des équipements existants (le marché et le stade) à revaloriser. L'implantation de nouveaux équipements et d'habitat collectif permet d'effectuer ces sutures qui génèrent des microcentralités et de l'espace public en transversalité.

1997-1999

En janvier 1997 la ville d'Athis-Mons commande à l'équipe une étude faisabilité urbaine sur un lieu de centralité le long de la RN7 ayant pour objet de fédérer les 2 rives de la route et d'être en lien avec le tissu pavillonnaire existant. L'équipe propose une certaine discontinuité des pleins et une cohérence des vides considérée comme outil fédérateur pour redonner une lisibilité au site. L'étude n'aura pas de suite. Début 1998, les architectes démarchent alors sur la ville de Nantes où ils sont également implantés. La Nantaise d'Habitations leur propose un site dans un quartier en mutation (Ilot Huppel, ZAC Madeleine-Champ de Mars), qui articule deux tissus : l'un faubourien, au parcellaire morcelé et au bâti fragmentaire et bas ; l'autre, aux larges emprises parcellaires avec des équipements de grande échelle.

En Juin 1998, la Nantaise d'Habitations commande à l'équipe une étude urbaine et architecturale pré-opérationnelle sur l'îlot Huppel à Nantes et s'engage à permettre à l'équipe d'appliquer ou d'approfondir le champ de réflexion mis en place lors du concours. L'étude montre que la situation du site entre deux types d'urbanisation peut constituer un critère d'identité et que la discontinuité du tissu peut fournir des opportunités notamment en exploitant le réseau de venelles existant.

Décembre 1998, l’équipe obtient une mission d'architecture pour 47 logements collectifs locatifs sociaux. Le label "projet expérimental" obtenu, oblige la maîtrise d'ouvrage à consacrer plus de temps à la concertation, à la réflexion sur l'innovation et à prendre le risque de bousculer son programme d'investissement habituel. Travail particulier sur la réciprocité entre la rue et l'intérieur de l'îlot grâce à des logements traversants qui vont conditionner un immeuble de faible épaisseur. Grande diversité des typologies de logement et expérimentation du duplex inversé.
En septembre 1999, le CHU de Nantes qui a fait l'acquisition du rez-de-chaussée missionne les architectes pour un programme de crèche de 60 places. Demande de 780m2 de surface alors que le rez-de-chaussée n'en compte que 300. L'équipe propose de tirer une partie du programme en "tiroir" sur le jardin et de faire un patio pour éclairer le cœur de l'espace.

2000-2001

Le démarrage du chantier des logements en hiver 1999 apporte quelques surprises : le sol se révèle pollué par endroits et oblige des analyses supplémentaires et un traitement particulier. L'hiver 1999 pluvieux empêche les enduits de sécher. D'autre part, l'ensemble du chantier se révèle compliqué car il faut anticiper sans cesse l'interférence entre les deux programmes.

La réalisation offre un îlot ouvert dont le cœur est largement perméable à la rue grâce à plusieurs passages. L'implantation en recul du bâtiment permet de rétrocéder à la ville l'angle de la parcelle pour en faire une place et renforcer les relations entre espaces urbains et domestiques.

Le dispositif mis en place pour les logements, loggia/séjour-cuisine travesant/coursive, entretient cette notion de transparence qui permet de multiples regards sur la ville.