Murado & Elvira + Enrique Krahe

MURADO & ELVIRA ARCHITECTURE AND DESIGN

Clara Murado (ES), architecte
Juan Elvira (ES), architecte
Collaborateurs : M. Antón, V. Bosch, C. Gutierrez
Calle Méjico 15, 3C, 28028 Madrid – España
www.muradoelvira.com
muradoelvira on Facebook, Instagram et Behance

ENRIQUE KRAHE ARQUITECTOS

Enrique Krahe (ES), architecte
Collaborateurs: J.Isla, J. Longhi, A. Montero
Calle Méjico 15, 3C, 28028 Madrid – España
www.enriquekrahe.es
enriquekrahe on Behance

 

E. Krahe, C. Murado., J. Elvira

Quand avez-vous gagné Europan ? Sur quel site et dans quel pays ? Et comment l'équipe était-elle composée ? Pouvez-vous décrire la ou les idées principales de votre projet ?

E9, Trondheim (NO) – "MySpace"Team: Clara Murado, Juan Elvira, Enrique Krahe

Nous avons remporté Europan 9 à Trondheim (NO) sur le thème de la Ville durable et des nouveaux espaces publics. Le site était celui le plus au Nord qui était proposé au concours, très loin de Madrid où nous étions basés. Nous avons été attirés par le programme : un complexe résidentiel innovant pour étudiants, en lien avec le campus universitaire et la promenade le long de la rivière.
L’équipe a été formée sur base de deux agences : Murado & Elvira et Krahe ; nous sommes donc devenu MEK pour l’occasion. De nombreuses réunions et discussions, ainsi que plusieurs collaborateurs sérieux nous ont permis de faire avancer le projet.
L’objectif principal du projet était de repenser les espaces d’interaction de situations d’extrême intimité à celles d’extroversion et de collaboration. Afin d’obtenir une atmosphère orientée vers le collectif, les étudiants partagent un lounge collectif et auto-gèrent une “ultra-cuisine“ pour 116 étudiants, sorte de condensateur social ouvert 24h/24. Cette manière de structurer l’espace commun à travers les actions collectives comme moyen de renforcer les liens au sein d’une communauté nouvellement établie incite les étudiants à inventer des règles, des responsabilités et des façons inattendues d’équiliber les intérêts.

   

Votre projet a-t-il eu une suite opérationnelle ? Si oui, laquelle et sous quelle forme ? Et cela a-t-il eu un effet formateur pour vous quant au processus à gérer ? Si oui, lequel ? Sinon, pour quelles raisons le projet n'a-t-il pas abouti ?

Notre projet a eu la chance d’avoir une suite et est finalement construite. “MySpace“ (c’était le nom du projet pour le concours) fait aujourd’hui partie des rues de Trondheim et les gens en parlent comme de la résidence Teknobyen, du nom du quartier.
Le processus fut long et complexe jusqu’à la réalisation. Pendant une première phase, nous avons travaillé avec le client pour adapter le projet au programme définitif et aux différentes régulations locales. Et pour la phase de développement, nous avons collaboré avec une agence locale, Link-Signatur.
D’un point de vue professionnel, le processus fut réellement formateur par le grand nombre d’acteurs impliqués (Ville de Trondheim, Sit, Link, NCC, représentants de quartier, Europan et d’autres encore). Tous ont contribué positivement au projet. Nous tenons d’ailleurs à préciser qu’Europan Norvège a tenu un rôle-clé dans l’aboutissement réussi du projet et nous leur serons toujours reconnaissants à ce sujet.
Cette expérience a été très importante pour notre position sur la pratique architecturale et la façon dont nous concevons les projets aujourd’hui.

   

Gagner Europan a-t-il déclenché la création d'une structure professionnelle et si oui, laquelle et avec quels partenaires ?

Ce n’est pas vraiment le cas pour nous. MEK est une entreprise commune de deux agences (Juan Elvira & Clara Murado + Enrique Krahe) et nous avions alors déjà pas mal d’expérience de travail en commun. Nous sommes impliqués depuis plusieurs années dans des projets variés, touchant plusieurs domaines : édition (comme éditeurs du magazine d’architecture Oeste pendant 4 saisons), commissariat d’exposition (art et architecture), éducation (workshops dans diverses universités) ou d’autres domaines en relation avec l’architecture. Cependant, le projet primé à Trondheim pour Europan 9 a été notre première construction en tant que MEK, ainsi que notre première expérience complète à l’étranger.

Gagner Europan a-t-il eu un effet de label pour vous après le concours (reconnaissance par des maîtres d'ouvrage, appel à des concours ou commande directe) ? Si oui, lequel ? Vous sentez-vous appartenir à une "génération Europan" et si oui pour quelles raisons ?

Pour nous, ce prix Europan est plus une reconnaissance au sein de notre profession. On nous a invités à donner des conférences, à présenter notre travail ou à faire partie de jurys parmi les cercles académiques et professionnels, mais nous avons par contre malheureusement jamais été invités par les preneurs de décision, sur base de notre performance à Europan, à participer à un développement urbain, un appel d’offre ou un concours. Mais peut-être cela est-il dû en partie à la récession en Europe…
D’un autre côté, nous avons beaucoup discuté du “label Europan“. En fait, il semblerait qu’un tel label existe effectivement. Des facteurs comme l’ambition élevée de l’organisation, la coordination parmi les secrétariats nationaux, l’étendue très large d’intérêts partagés, les standards élevés dans les résultats, la fiabilité des jurés, les discussions interrégionales avant et après le concours… tout cela fait d’Europan un concours unique, dont il est difficile d’échapper au charme (nous parlerons donc plutôt “d’affinités“, et non de “génération“).

 

La problématique développée dans votre projet primé a-t-elle été fondatrice d'une démarche récurrente dans votre travail de projet ? Si oui, de quelle manière ? Et plus particulièrement dans quels projets ultérieurs au concours construits ou pas ?

Nous avons essayé avec “MySpace“ de travailler sur les utilisateurs potentiels comme un élément essentiel du projet. Ce que nous avons considéré comme “l’idée“ du projet, c’était une réinterprétation programmatique de l’organisation habituelle d’un logement étudiant dans le nord de l’Europe. L’intention de départ était forte (un seul espace partagé et des zones de chambres compactes autour) et elle a dépassé toutes les contributions des différents agents impliqués dans le projet. Le client avait même un plan B pour le bâtiment, qui a été conçu pour pouvoir fonctionner comme un hôtel, avec des petits changements, en cas d’échec. Heureusement, le projet fonctionne très bien et notre bâtiment est très populaire parmi les étudiants. Et bien que le bâtiment “dépare“ en termes formels dans le quartier, tout le monde apprécie la relation du volume avec son environnement.
Les principales questions sur lesquelles nous nous sommes concentrés étaient les suivantes : créativité partagée, réinterprétation programmatique, une idée de la commande qui admette le changement et l’adaptation, et travailler avec le contexte sans être intimidés par celui-ci.

CRÉATIVITÉ PARTAGÉE

Pour le concours pour le Centre d’Arts de Tullamore (M+E), nous avons proposé un vide central ultra flexible qui peut être activé de nombreuses façons différentes, à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment. Pour la bibliothèque de Baiona (M+E), actuellement en cours de construction, l’idée du projet était à nouveau un large espace ouvert qui comprime une ceinture de petites unités individuelles autour de lui.

   

RÉINTERPRÉTATION PROGRAMMATIQUE

Pour le concours pour la bibliothèque de Varna (MEK), l’organisation générale s’appuyait sur un programme qui cherchait à défier les conventions habituelles des bibliothèques. Ce qu’on retrouve également dans l’appartement récemment construit à Villalola (K), qui traite la condition antagoniste des mini-espaces hautement spécifiques contre un programme générique ouvert, flexible, et même mouvant.

 

TRAVAILLER AVEC LE CONTEXTE

Le centre-ville de Haugerud (MEK) était à la recherche d’une occupation progressive du site et d’une nouvelle série de programmes pour ajouter une identité et de la valeur au site.