Studio Muoto
Gilles DELALEX (FR)
Yves MOREAU (BE/NL)
STUDIO MUOTO
Yves Moreau (BE/NL), architecte 48 avenue Claude Vellefaux 75010 Paris – France
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Y. Moreau & G. Delalex
Quand avez-vous gagné Europan ? Sur quel(s) site(s) et dans quel pays ? Et comment l'équipe était-elle composée ? Pouvez-vous décrire la ou les idées principales de votre (vos) projet(s) ?
E7, Villeurbanne (FR) – "Skylines"
Nous avons été lauréats d'Europan en 2003 sur le site de Villeurbanne, en France. L'équipe était composée de Gilles Delalex et Yves Moreau. L'idée principale du projet était de penser un urbanisme "en coupe" qui permettait d'introduire une mixité verticale qui ne se résume pas à des rez-de-chaussée actifs. Associer notamment des logements thématisés et des activités spécifiques. Le principe de coupes systématiques à travers le site visait aussi faire correspondre cette mixité verticale avec la forme bâtie pour que le nouveau quartier exprime visiblement sa mixité. Le quartier projeté se présentait comme un horizon crénelé permettant une combinaison de gabarits de bâtiments très différents. L'idée était donc d'introduire un nouvel outil de conception urbaine favorisant la mixité des typologies et de se rapprocher d'un tissu faubourien à la fois dense et hétérogène, où se côtoient le long d'une même rue des maisons de ville et des immeubles étroits. Pour cela, il fallait sortir d'une conception en plan.
Votre (vos) projets(s) a(ont)-t-il(s) eu une suite opérationnelle ? Si oui, laquelle et sous quelle forme ? Et cela a-t-il eu un effet formateur pour vous quant au processus à gérer ? Si oui, lequel ? Sinon, pour quelles raisons le projet n'a-t-il pas abouti ?
Le concours a été suivi d'une étude urbaine de deux ans avec deux autres équipes issues du concours Europan. Cette étude a donné lieu à une profonde évolution du projet. La suite opérationnelle du concours a été formatrice dans le sens où elle nous a plongé au cœur des questions politiques et urbaines, notamment au regard des enjeux de densité et de partage des espaces publics. Les outils de l'urbanisme à la française passant largement par la distinction des quartiers d'habitation et d'activité et conduisant à définir des hauteurs moyennes et des typologies homogènes, se sont révélés particulièrement inadaptés. Le quartier qui se construit actuellement a gardé du projet de concours l'idée d'une certaine variation dans les gabarits de bâtiments.
Le fait d'avoir gagné Europan a-t-il déclenché la création d'une structure professionnelle et si oui, laquelle et avec quels partenaires ?
Europan a été le point de départ de notre agence, le studio Muoto, que nous avons décidé de créer pour répondre à l'étude urbaine et poursuivre une pratique de concours indépendante des agences dans lesquelles nous travaillions à l'époque. Le concours et les études qui ont suivi ont donc été particulièrement structurants professionnellement.
Le fait d'avoir gagné Europan a-t-il eu un effet de label pour vous après le concours (reconnaissance par des maîtres d'ouvrage, appel à des concours ou commande directe) ? Si oui, lequel ? Vous sentez-vous appartenir à une "génération Europan" et si oui pour quelles raisons ?
Le label Europan a fonctionné pour nous de manière très indirecte. Il ne nous a pas donné accès à des commandes ou des invitations à participer à des concours. Mais on peut dire qu'il nous a inscrit dans une certaine filière d'architectes particulièrement concernés par les questions urbaines et la grande échelle. Parler d'une génération Europan nous paraît réducteur, car le concours existe depuis longtemps et il regroupe certainement plusieurs générations aujourd'hui. Plutôt que "génération", nous emploierions le terme de "filiation". Nous pensons par exemple à un filiation d'architectes qui verrait la ville comme l'origine de l'architecture, et pas l'inverse, et qui s'inscrirait dans une tradition du "learning from...".
La problématique développée dans votre (vos) projet(s) primé(s) a-t-elle été fondatrice d'une démarche récurrente dans votre travail de projet ? Si oui, de quelle manière ? Et plus particulièrement dans quels projets ultérieurs au concours construits ou pas ?
On peut retenir deux idées principales dans le projet que nous avions soumis au concours. La première est la mixité verticale et la seconde la prépondérance du skyline, comme figure d'articulation entre l'échelle des bâtiments et des villes. Ces deux idées ont été récurrentes dans les projets de l'agence Muoto, sans être systématiques pour autant. On retrouve par exemple le principe de MIXITÉ VERTICALE dans notre projet pour le campus de Paris-Saclay qui superpose différentes activités de sport et de restauration, et dans celui la maison du technopole pour Saint-Lô.
L'idée de SKYLINE, qui se traduit à l'échelle du paysage urbain par une attention particulière à la ligne de démarcation entre le ciel et le milieu bâti, est présente dans différents projets de l'agence également. On la retrouve dans un projet de logements à Rennes où nous avons travaillé, comme à Villeurbanne, sur des hauteurs de bâtiments différenciées, et d'autres projets qui se caractérisent par un découpage singulier du ciel, comme le pavillon de vente de Rungis pour lequel nous avions proposé d'introduire une petite tour d'angle indiquant la présence d'un restaurant mythique du marché.