Écoto(w)ne

Lille (FR) - Lauréat

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Représentant d’équipe: Édouard Cailliau (FR) – architecte
Associé: Thomas Lecourt (FR) – architecte
Collaborateurs: Delphin Colin (FR) – paysagiste ; Romain Leignel (FR) – illustrateur

Studio Rijsel
35 rue Stappaert, 59000 Lille (FR)
+33 645 915 469 – contact@studiorijsel – studiorijsel.com

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E. Cailliau, T. Lecourt, D. Colin et R. Leignel 

 

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours ?

Thomas et Edouard - Studio Rijsel – ont travaillé ensemble dans une agence d’architecture lilloise pendant 7 ans, ils ont lancé leur propre structure Studio Rijsel et c’est tout naturellement qu’ils ont choisi de répondre à Europan sur le site de Lille, ville de résidence, de travail et sujet de nombreuses études. Après avoir entamé les réflexions, ils ont sollicité Delphin pour échanger et embrasser toute la dimension paysagère du site. En collaboration, Romain a participé à la conception et à la réalisation de maquettes ainsi qu’une grande partie de l’isométrie principale du projet.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : la place des activités productives au sein de la ville ?

Il s’agit d’une réflexion multi-scalaire. La réponse s’est constituée de manière itérative entre des usages et des rythmes. Comment la ville (un organisme) va vivre au fil de la journée (du matin au soir), au fil de la semaine (des jours ouvrés et du week end) et au fil de l’année (l’enchainement des saisons) ? Ainsi, des situations de projets sont apparues sur les sites de projet et au-delà, dans une attention à la ville existante et au paysage en place, bref : au déjà-là. Par un dosage fin et une attention au contexte, la ville productive est apparue et ce, à différentes échelles, de la métropolitaine à l’ultra locale, afin d’éviter l’écueil d’une réponse de zoning non adaptée à l’île des Bois Blancs.
 

 

3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

Deux vastes sites en mutation : une friche industrielle désertée et une piscine olympique bientôt déménagée. Deux bâtiments emblématiques : la hauteur d’un silo, vestige d’une production gravitaire, le plissé de la toiture de la piscine, vocabulaire de l’équipement sportif majeur. Deux territoires marqués, en contact avec l’eau. Notre intention a été de travailler ces deux sites par la même clé d’entrée : le rapport à l’eau et la richesse de cet éco-système (à la fois en termes paysagers et en termes urbains !) Deux mouvements viennnent donc se croiser, d’un côté la revitalisation douce et lente de la ville, de l’autre la renaturation des berges de la Deule. Cette renaturation entre également à l’intérieur de l’île en « sanctuarisant » des zones permettant des respirations urbaines et participant à la compréhension du territoire dans lequel on se trouve. Ces deux énergies participent à un processus lent, doux et non intrusif.

 

 

4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?

Nous avons également travaillé ce processus doux et lent de transition de la ville sur divers projets de territoire, sans pour autant avoir la dimension productive. Par nos origines, cette question des friches industrielles est au centre de notre pratique puisque notre territoire regorge de friches issues du déclin industriel et dont les nouveaux usages revitalisent la ville et la réinventent en permanence. Cette sédimentation, ces palimpsestes sont des marqueurs du temps, des signes du passé mais témoignent également de la possibilité de la ville de s’écrire sur elle même. Une forme de résilience, d’un organisme en constante mutation.
 

Jardin des Plantes, Lille (FR)
 

5. Les projets urbano-architecturaux de type Europan ne peuvent se réaliser que dans une relation aux acteurs à travers un processus négocié et dans le temps. De quelle manière avez-vous intégré cette question dans votre projet ?

La question du temps est centrale dans un projet de territoire. À celle-ci nous avons ajouté la notion de respect. Respect du territoire, des habitants, du patrimoine afin de transformer réellement le projet en un processus stratifié, dont les phases successives créent un « tout » cohérent.
Quatre temps ont régi le projet :
1- Impulser Dans un premier temps l’opération doit révéler l’échelle de l’île des Bois Blancs. Des dispositifs simples permettent d’impulser les développement futurs (batobus pour reconsidérer le pourtour de l’île comme une entité, gestion associative des jardins d’abondances, premières plantations d’arbres sur les rives, etc...).
2 - Ancrer Le projet doit dans un second temps s’ancrer dans le tissu et les usages de son environnement. Au-delà de pratiques temporaires il faut s’inscrire dans le temps long et développer des usages de proximités (logements, petits équipements, espaces publics de quartier).
3 - Relier En s’appuyant sur des bases établies dans les étapes 1 et 2, le projet doit trouver son rythme de développement. Les sites sont connus, pratiqués ils peuvent s’étirer jusqu’à leurs limites.
4 - Intensifier Chaque partie (Boschetti , Dormoy, Berges) recoit un programme qui lui permet d’assurer sa diffusion. À l’inverse de la logique de locomotive qui attire les investissements, nous voyons plutôt un intérêt dans l’outil de développement qui permet à une opération de rayonner pleinement. Par exemple c’est le musée du Standart qui vient après la réalisation des patios productifs pour promouvoir leurs savoirs faire).

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé(s) à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

Edouard avait déjà été primé à Europan 12 sur le site Regionale 2016 en Allemagne. Mais c’est la première fois que nous sommes lauréats ensemble, localement, et via notre Studio, dans la première année de sa création. Cela constitue pour nous une forme de reconnaissance intellectuelle, un ancrage local qui nous est cher. C’est l’occasion d’une parole écoutée par ceux qui font la ville aujourd’hui, et, nous l’espérons, un début d’aventure pour un territoire riche...