Extractions, de la source aux ressources
Auby (FR) - Lauréat
DONNÉES DE L’ÉQUIPE
Représentante de l’équipe : Amandine Martin (FR) – architecte ; Associées : Céline Tutcu (FR), Faustine Pauchet (FR), Justine Labérenne (FR) – architectes
atelier-ine
52 rue de Douai, 59000 Lille (FR)
+33 611745268 - ine.architecture@gmail.com
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A. Martin, C. Tutcu, F. Pauchet, J. Labérenne
VIDÉO (par l'équipe)
INTERVIEW
1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours ?
Nous avons eu l’occasion de travailler ensemble sur différents projets durant nos études à l’école d’architecture de Lille. Cela nous avait permis de commencer à mettre en place des méthodes communes et des sujets de travail partagés. C’est pourquoi, profitant de cette complicité nous avons souhaité après nos études continuer à partager nos réflexions autour de thématiques imbricants des échelles et des disciplines variées.
2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : la place des activités productives au sein de la ville ?
Notre problématique répond à la question du concours en la contextualisant aux enjeux du site de Auby. Elle est la suivante : Comment l’habitat peut-il devenir productif ? Il nous est paru nécessaire de réfléchir à la place des activités productives au sein de la ville avec la question du logement. Cette ville des Hauts-De-France proche de Lille doit éviter une croissance urbaine qui la mènerait à devenir une ville dortoir. Le taux de chômage y est élevé ; pour éviter de creuser un fossé social entre les habitants présents et futurs, le projet doit s’inscrire dans un temps long et permettre de révéler les énergies habitantes sous-jacentes à Auby. C’est pourquoi nous avons pris le parti de proposer un projet urbain qui serait nourri par un projet social et économique, avec l'association Territoire Zéro Chômage. Nous proposons un processus qui permet aux Aubygeois d’être acteurs du développement économique de la commune et de la mise en valeur de leurs patrimoine. Ainsi nous questionnons la place des activités productives en ville par le logement. Dans un premier temps en se servant du logement existant comme un moyen de créer des lieux de travail, et dans un second temps en proposant de nouvelles typologies de logements qui permettent des temps de production et qui s’adressent aux attentes d’une population future. Pour cela, nous proposons un projet de processus plutôt qu’un projet de forme urbaine. Notre démarche est incrémentale : nous prenons le parti de créer une méthode ouverte qui saura s’adapter aux acteurs concernés et aux diagnostics techniques des sites existants.
3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?
Compte tenu du contexte de la ville d’Auby énoncé précédemment nous avons fait de cet enjeu social et économique notre levier pour aborder la problématique urbaine du site de projet. En effet, en proposant de travailler avec l’association TZCLD il nous ait apparu évident de profiter de cette nouvelle dynamique pour enclencher un projet urbain. Ainsi, notre scénario s’expérimente en deux temps. Dans un premier temps, le site proposé par Europan contient un îlot de maisons existantes vouées à être détruites pour y construire du logement. Portées par une volonté de frugalité, notre intention est plutôt de se saisir de ce bâti, “l’ilôt de la pointe” et de le révéler comme un patrimoine commun, une ressource à réhabiliter pour en faire une cité pilote de TZCLD. Le bâti est diagnostiqué, maison par maison, afin de définir son potentiel programmatique pour accueillir les besoins des futurs salariés de TZCLD (par exemple une ressourcerie, des ateliers d’artistes, etc.). Le logement existant devient alors productif et permet de redonner de la dignité aux habitants en leur offrant des lieux de travail et d’échange qui mettent en valeur le patrimoine bâti. Dans un deuxième temps, sur la Zac du Château d’eau qui aura été dépolluée par phytoremédiation, nous souhaitons expérimenter une méthode pour concevoir et construire des typologies d’habitat productif. L’idée est de réinterpréter chaque pièce du logement standard pour parvenir à mettre en place des temps de productivité qui dépassent les besoins individuels du logement. Ces nouveaux usages donnent naissance à des typologies de logements, qu’ils soient collectifs ou individuels. Par exemple, cela passe par la mutualisation de la cuisine entre plusieurs logements, permettant de faire de cette nouvelle pièce un lieu de production ouvert à d’autres besoins collectifs dans les temps habituellement inoccupés de la journée.
Oui, nous avons toutes choisi d'étudier le thème de la ville productive pendant nos études. Ce sujet a fait l’objet de nos diplômes qui posaient la question de la mixité du lieu de travail et d’habiter. Ainsi nous avons pu aborder des problématiques complémentaires telles que : la résilience, la place de l’artisanat en ville, la mutualisation des énergies, la place de l’habitant dans la fabrication de la ville, la polyvalence des espaces dans le temps, etc. Notre projet s’est nourri de références issues de disciplines variées telle que l’économie sociale et solidaire dans laquelle l’association Territoire Zéro Chômage de Longue Durée s'inscrit. Cet organisme est pour nous une référence d’innovation socio-économique et de redynamisation de quartier qui nous a permit de mettre en place un processus incrémental, dont le terme et la démarche sont empruntés au travail de Lucien Kroll. Notre volonté d’être présentes sur le terrain pour construire une réflexion collective s’inspire de grands nombre de travaux telle que la permanence architecturale mise en place à Boulogne-sur-Mer dans le cadre de la réhabilitation de 60 maisons par l’Atelier Construire, mais encore des expérimentations urbaines du collectif ETC. Pour parler plus spécifiquement d’architecture et de patrimoine, le projet de réhabilitation de la cité des électriciens à Bruay-la-Buissière est une référence pour nous en terme de transformation du logement en lieu de travail, tout cela dans un grand respect du patrimoine et un grand soin de mise en oeuvre.
5. Les projets urbano-architecturaux de type Europan ne peuvent se réaliser que dans une relation aux acteurs à travers un processus négocié et dans le temps. De quelle manière avez-vous intégré cette question dans votre projet ?
Le projet met en place un processus avant une forme urbaine. Il devient opérationnel en s’appuyant sur le déjà-là : le patrimoine existant et les habitants via l’intervention de Territoire Zéro Chômage de Longue Durée. La base de notre réflexion étant un processus phasé, le projet s'adaptera à la réalité du terrain et des acteurs. Chaque phase permettra des temps forts de rencontre et d’échange entre tous les acteurs de la ville. Par ailleurs, la maison du projet sur “l'îlot de la pointe” y sera pleinement dédiée.
6. Est-ce la première fois que vous êtes primé(s) à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?
C’est la première fois que nous participons à Europan. Ce prix est l’opportunité pour nous de mettre en pratique les réflexions que nous menons depuis nos études, et nous l’espérons, l’élément déclencheur à la création de notre propre atelier.
IDENTITÉ DE L'ÉQUIPE
Agence : atelier-ine
Fonctions: Tous architectes
Âge moyen des associés: 26 ans
L’équipe a-t-elle, ensemble en totalité ou en fragments, conçu, voire réalisé, des projets et/ou gagné des concours ? Si oui, lesquels ?
Nous sommes toutes les quatre salariés de différentes agences. Nous envisageons de créer une structure. Nous avons déjà participé ensemble à quelques concours, tels que Le logement en question lancé par le syndicat d’architecture et le concours Algeco “Escales de santé et bien être en ville” pour lequel nous avons été parmis les 20 projets publiés. Nous envisageons par la suite de prolonger notre réflexion sur des projets plus concrets, c’est pourquoi nous avons participé à Europan.