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Toulouse (FR) - Mention Spéciale

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Représentant d’équipe: Julien Romane (FR) – architecte
Associés: Antonin Amiot (FR) – ingénieur paysagiste; Geoffrey Clamour (FR) – architecte
Collaborateurs: Elise Triacca (FR) – architecte urbaniste; Thierry Maeder (CH) – geographe

Les Marneurs
24 Rue Saint-Bernard, 75011 Paris (FR)
contact@lesmarneurs.fr  – lesmarneurs.fr

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G. Clamour, A. Amiot, E. Triacca et J. Romane  

 

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours ?

Notre collectif Les Marneurs existe depuis 2016. Il réunit des personnes de formations et de professions différentes autour d’un engagement partagé dans les domaines de l’urbanisme, du paysage et de l’architecture. Trois thèmes principaux structurent nos projets : les modes d’habiter, le risque et les ressources. Pour la session d’Europan 14, nous avons élargi l’équipe de profils complémentaires (notamment un géographe) pour mieux saisir la complexité des dynamiques en présence.

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : la place des activités productives au sein de la ville ?

À Balma-Gramont, la question de la ressource (consommation, production, préservation) a guidé notre réflexion. Sur ce site à la fois singulier et générique, de nombreuses typologies urbaines et économiques (hypermarchés, commerces, locaux de distribution et d’artisanat, bureaux, infrastructures routières, foncier privé et logements pavillonnaires) cohabitent dans une économie du territoire qui n’est plus soutenable. Inventer ici une façon de vivre, de produire et de consommer qui retrouve le sens de la ressource, c’est donner une réponse aux 10 % du territoire français qui connaissent le même destin.
Longtemps reléguées à la périphérie des villes, dans les coulisses de nos modes de vie, les zones d’activité pourraient ainsi passer devant et montrer l’exemple, en créant autour des villes un archipel de paysages productifs, en symbiose avec la géographie et le tissu économique et social. Et si demain Balma-Gramont, Labège ou Blagnac devenaient les « Ressourceries » de la métropole toulousaine ?

 

3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

La zone d’activité Balma-Gramont s’est installée aux portes de Toulouse, mais aussi aux portes du Lauragais. Notre réponse consiste à faire de la gestion de la ressource le socle d’un projet spatial cohérent. La technique, la forme urbaine, l’économie, le social et le paysage y fonctionnent ensemble dans un urbanisme productif et soutenable. De nouvelles solidarités sont ainsi générées et permettent de retrouver le lien perdu entre Toulouse et sa plaine agricole, tout en reconnectant la vallée de l’Hers, la zone d’activité et la future ZAC. Des chemins de traverse se structurent d’est en ouest le long desquels prennent forment des « valeurs ajoutées » qui combinent équipements de gestion des ressources, programmes mixtes et espaces publics.
Ce nouveau maillage qui dynamise le tissu existant tend également à diminuer la pression foncière et interroge la programmation et les besoins en construction de la ZAC Balma-Gramont, dont le projet s’étend sur les terres arables du Lauragais.

 

 

4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?

Nous avons déjà travaillé sur la problématique de la densification raisonnée des zones d’activité. Notre collectif a également travaillé sur les questions de gestion de la ressource et de transition énergétique sur la côte d’Albâtre (FR) et plus récemment à Belle-Île-en-Mer (FR). Nous sommes sensibles au projet en cours de Praille Ouest à Genève (CH) qui allie les questions liées au fonctionnement logistique de la zone d’activité et le développement de nouveaux quartiers d’habitations.
Aussi, la cité artisanale de Valbonne (FR) des architectes Comte Vollenweider, nous a semblé être un bel exemple d’invention de « typologies d’activité » compactes et mutualisées. D’autres réalisations comme le Freshkills Park de New York ou le projet pour la Greenwich Peninsula en Angleterre nous ont également inspiré par leur stratégie de gestion des ressources. Des initiatives plus modestes de réactivation temporaire d’espaces inutilisés (toitures, parking, friches…) ont aussi alimenté nos réflexions.
 

 

5. Les projets urbano-architecturaux de type Europan ne peuvent se réaliser que dans une relation aux acteurs à travers un processus négocié et dans le temps. De quelle manière avez-vous intégré cette question dans votre projet ?

Le site de Balma-Gramont procède d’un paysage fragmenté qui révèle un jeu d’acteurs aux intérêts divergents. Les acteurs institutionnels (à l’exception de l’Armée) cherchent un rayonnement métropolitain tout en tirant un profit économique de leur foncier. Les acteurs privés visent l’expansion de leurs activités respectives sans pour autant rechercher une cohérence urbaine d’ensemble. C’est à partir de l’identification des modes de fonctionnement des acteurs en présence que le projet construit une stratégie collective d’aménagement organisée autour de la gestion des ressources et des déchets.
Cette vision d’un futur possible à Balma-Gramont pourrait être l’élément déclencheur d’un dialogue entre les différents acteurs du site. Plusieurs grands axes de développement et de transformation des lieux pourraient ainsi émerger autour du thème de la ressource : nouvelles formes architecturales et urbaines ; mise en valeur des logiques hydrographiques et géologiques du site ; création de dynamiques de redistribution, de mutualisation, de réutilisation et de recyclage. Une telle vision globale du site pourrait ainsi résister aux aléas des alternances politiques et se traduire à toutes les échelles de gouvernance (propriétaires privés, villes, métropoles, institutions, associations, etc.).

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé(s) à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

Oui, c’est notre première participation. Le fait d’être primé donnera sans doute plus de visibilité au positionnement de notre collectif, qui croise modes de construction durable du territoire et mise en récit du projet urbain et de paysage.