Matières augmentées
Floirac (FR) - Mentionné
DONNÉES DE L’ÉQUIPE
Représentante de l’équipe : Camille Ricard (FR) – architecte ; Associés : Etienne Henry (FR), Axel Adam-Couralet (FR), Lucas Geoffriau (FR), Xin Luo (FR) – architectes
Collaborateurs : Aurélien Ramos (FR) – paysagiste ; Sébastien Delpont (FR), Kathleen Boquet (FR) – ingénieurs ; Marc-Elian Duffrene (FR) – urbaniste
MOONWALKLOCAL Collective, 3 rue Ferbos 33800 Bordeaux (FR)
+33 5 57 67 16 24 - mwl@moonwalklocal.fr – moonwalklocal.fr
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L. Geoffriau, A. Adam-Couralet, E. Henry, X. Luo, K. Boquet, S. Delpont, C. Ricard, M.-E. Duffrene & A. Ramos
VIDEO (par l’équipe)
INTERVIEW
1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours ?
Le collectif d’architectes MOONWALKLOCAL a constitué une équipe pluridisciplinaire intégrant le cabinet de conseil environnemental GREENFLEX et le paysagiste doctorant Aurélien Ramos afin de répondre aux enjeux territoriaux, sociaux et environnementaux du site.
2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : la place des activités productives au sein de la ville ?
Le site est une enclave industrielle en cœur de métropole et soulève la problématique du renouvellement de la ville productive dans le tissu urbain. De plus, l’enjeu de la transition écologique invite à la transformation d’un quartier d’activités producteur de déchets en un quartier ressource et productif.
Le projet se fonde sur le postulat selon lequel ce sont les ressources matérielles, sociales et naturelles existantes qui font le territoire, formant un écosystème productif à fort potentiel (à l’inverse d’une logique planificatrice).
Par l’activation de synergies et la mise en circulation des ressources identifiées, les capacités productives du site sont augmentées. L’économie circulaire générée transforme le site en une banque de savoir-faire (avec notamment la valorisation de l’artisanat en ville) et de matériaux (biosourcés, de réemploi et la mise en valeur du sol vivant).
A partir de programmes “catalyseurs“ permettant de transformer le territoire de l’intérieur, la plaine Sud Garonne devient alors un quartier ressource exemplaire pour le Bordeaux Métropole de demain, à travers un projet évolutif, hybride et adaptable aux besoins du site.
3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?
Les enjeux de mutation du site et le riche potentiel de son écosystème productif ont très vite résonné avec les problématiques de ressources, de mobilité et d’équité relatives à cette deuxième session des “Villes Productives“. L’analyse pluridisciplinaire du site, son arpentage minutieux et la rencontre avec les différents acteurs publics du territoire nous ont permis de faire dialoguer les thématiques du concours Europan avec les spécificités de la Plaine Sud Garonne.
4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?
Nous avons déjà abordé cette problématique du point de vue de l’architecture, de l’origine des matériaux et des savoir-faire (projets réalisés à partir de matériaux issus de la déconstruction, expériences de chantiers participatifs en terre crue, cartographie des ressources locales). Cette édition d’Europan constitue une excellente occasion pour nous d’étudier cette problématique à une échelle plus large.
Nous puisons nos références dans l’architecture vernaculaire, dans le travail d’acteurs de la filière des matériaux bio-sourcés (terre crue, fibres végétales, pierre massive) et dans les recherches sur le réemploi réalisées par des agences d’architecture telles que Bellastock (Ademe REPAR et REPAR 2), le collectif “Faire avec”, Rotor avec notamment la création de dynamiques à l’échelle européenne (projet Interreg NWE – FCRBE) mais aussi l’exposition “Matière grise“ d’Encore heureux.
Plus largement, nous nous sommes inspirés des dynamiques innovantes liées à l’économie circulaire à l’échelle des territoires.
5. Les projets urbano-architecturaux de type Europan ne peuvent se réaliser que dans une relation aux acteurs à travers un processus négocié et dans le temps. De quelle manière avez-vous intégré cette question dans votre projet ?
Le parti-pris du projet « Matières augmentées » est de générer un processus cyclique de transformation du site impliquant les entreprises et les acteurs publics selon plusieurs temporalités :
- Le temps 0 correspond à l’activation des synergies existantes sur le site grâce à la création d’un Pavillon des Synergies et du Réemploi qui amorce le processus de négociation entre les acteurs, gère le foncier et porte le projet.
- Le temps 1 s’appuie sur la disponibilité à moyen terme d’une parcelle de 3,5Ha, afin d’y installer des espaces de préfiguration occupés par des “makers“. Ces espaces s’inscrivent dans une trame productive s’appuyant sur les structures paysagères du territoire (haies, boisements, fossés et ruisseaux)  ;: elle constitue le socle des ressources en biodiversité. A cette trame développée et augmentée, offrant un support aux mobilités douces, viennent et viendront s’agréger les fonctions existantes et les fonctions à venir.
- Le temps 2 s’attache à la construction du site avec des architectures réversibles, qui peuvent durer 5, 10, 50 ans selon les besoins : équipements fédérateurs et petits locaux d’activités construits par les TPE qui se structurent autour de la construction biosourcée/de réemploi.
- Le temps 3 prévoit la reconstruction de la ville sur elle-même, avec ses propres ressources et exporte à l’échelle de la Métropole son expérience et ses savoir-faire. Les synergies sont constamment renouvelées en fonction des mouvements d’acteurs.
6. Est-ce la première fois que vous êtes primé(s) à Europan ? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?
Notre participation à Europan a d’abord été envisagée comme un moyen de prolonger et d’affirmer les recherches et les problématiques que nous menons depuis longtemps : l’approche pluridisciplinaire des territoires, la gestion des déchets et des ressources, la valorisation des savoir-faire et des filières locales, l’expérimentation des matériaux de construction (détournement, réemploi, bio-sourcé), la mise en valeur des usages et du potentiel narratif des lieux.
Cette expérience d’Europan 15 constitue une étape décisive dans la consolidation de la démarche de notre équipe et le prix « Runner-Up » que nous recevons pour la première fois est un encouragement à poursuivre nos recherches et à les tester à grande échelle.
IDENTITÉ DE L'ÉQUIPE
Agence : collectif MOONWALKLOCAL
Fonctions : Architecte, Ingénieur environnemental & Management, Urbaniste – développement urbain durable & Paysagiste – La pluridisciplinarité d’une équipe nous semble indispensable pour répondre aux enjeux environnementaux actuels, et d’autant plus pour répondre à un concours comme Europan, où il s’agit d’embrasser l’ensemble des spécifiés d’un site pour proposer une réponse pertinente et innovante.
Âge moyen des associés : 33 years old
L’équipe a-t-elle, ensemble en totalité ou en fragments, conçu, voire réalisé, des projets et/ou gagné des concours ? Si oui, lesquels ?
C’est la première fois que cette équipe au complet travaille sur un concours commun. Néanmoins, MOONWALKLOCAL travaille actuellement avec GREENFLEX en tant qu’AMO sur un projet de rue couverte en matériaux biosourcés et de réemploi nommé “Chaume urbain“, au Parc des Portes de Paris (chantier début 2020) et collabore régulièrement avec Aurélien Ramos depuis plusieurs années.
MOONWALKLOCAL a par ailleurs réalisé des projets en matériaux de réemploi (exemple : « Cabane téléphonique » en volets persiennes récupérés) ou en matériaux bio-sourcés (“Maison Paille“, en ossature bois, isolation paille, enduits terre).