Hydro-Productive Parks
Saint-Omer (FR) - Lauréat
DONNÉES DE L’ÉQUIPE
Représentante de l’équipe : Iris Chervet (FR) – architecte, urbaniste & paysagiste
176 boulevard Berthier, 75017 Paris (FR)
+33 6 77 73 37 70 – agence@irischervet.fr – irischervet.fr
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I. Chervet
INTERVIEW
1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours ?
J’ai répondu seule au concours. En tant qu’architecte et paysagiste, je suis très intéressée par les sujets transversaux. Le site proposé à Saint-Omer m’a semblé propice à un projet qui entrelace les échelles du territoire, et mobilise à la fois les paysages naturels et les milieux habités.
2. elle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : la place des activités productives au sein de la ville ?
Saint-Omer est déjà un territoire productif, associé à l’eau. Mais, les capacités d’innovation du tissu industriel interrogent, dans un contexte de mutation des modèles économiques et de transition environnementale. Quelle relation entre l’identité géo-morphologique du territoire audomarois et ses activités productives ? Quelles échelles de compétitivité sont-elles pertinentes ? Le projet propose de s’appuyer sur le paysage spécifique du marais comme levier d’une nouvelle économie productive et attractive, en mettant en place deux « parcs hydro-productifs » qui matérialisent les interfaces ville-marais et ville-coteaux. Ces « parcs » d’échelle intercommunale amplifient les paysages élémentaires et constituent une armature de densification.
3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?
Les villes de Saint-Omer, Arques et Salperwick ont proposé un multi-site à l’échelle intercommunale, qui remet en question l’idée même d’un périmètre de projet. Le site est appréhendé à l’échelle d’une biorégion urbaine, c’est-à-dire un espace géographique tenant compte des milieux habités plutôt qu’un territoire administratif ou politique. Cette échelle permet d’explorer le lien entre géologie et industrie et de saisir l’exposition du territoire aux dynamiques maritimes, en lien avec les variations climatiques à venir. La montée des eaux d’ici 2100 favorisera Saint-Omer comme destination de repli rétro-littoral. Les deux parcs productifs préfigurent ces mutations : l’un compose un paysage évolutif capable de recevoir l’inondation, l’autre révèle l’eau souterraine par un travail d’archéologie du paysage et le déploiement de l’énergie géothermique comme levier de rénovation urbaine.
4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?
Je me suis intéressée à la question de la ville productive dès mes études : j’avais travaillé dans le cadre de mon diplôme sur la mutation des friches ferroviaires, en tant qu’interface privilégiée entre logistique urbaine et paysage, en particulier dans des contextes de villes denses. La recherche d’une valorisation réciproque de la ville et des paysages sous-tend mon travail et infuse les projets de l’agence à différentes échelles.
Pour ce projet, je me suis appuyée sur les travaux de Michel Desvignes pour la Chaîne des parcs à Euralens, et de l’agence TER pour la région d’Aix-la-Chapelle–Limbourg, qui sont deux exemples de stratégies régionales s’appuyant sur la géologie d’un territoire pour faire émerger une identité commune à plusieurs sites, au-delà des frontières administratives.
J’ai aussi plusieurs références de projets sur des sites littoraux et je travaille régulièrement sur la question de la gestion de l’eau. Un plan montrant l’évolution du cours du Mississippi au fil des siècles m’a particulièrement inspiré : il témoigne de la puissance des dynamiques fluviales et hydrauliques, à travers une représentation graphique haute en couleur.
5. Les projets urbano-architecturaux de type Europan ne peuvent se réaliser que dans une relation aux acteurs à travers un processus négocié et dans le temps. De quelle manière avez-vous intégré cette question dans votre projet ?
L’échelle de la biorégion soulève la question de la gouvernance pour porter un projet de grand territoire. Le projet se décline à 3 échelles spatiales et temporelles imbriquées :
- Un récit prospectif à l’horizon 2100 pour la biorégion ;
- Un schéma stratégique pour l’intercommunalité, à l’horizon 2050 ;
- Deux parcs « hydro-productifs » avec des propositions concrètes à l’échelle locale des sites de projet, qui peuvent être mis en place à plus court terme et être portés par différents acteurs en parallèle.
6. Est-ce la première fois que vous êtes primé(s) à Europan ? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?
J’ai été lauréate du concours Europan 13 à Saint-Brieuc (FR) en 2015, ce qui m’a permis d’avoir un premier accès à la commande publique. C’est à partir de ce projet que j’ai créé ma structure et développé mon activité.
Europan représente un accès à la commande et offre un espace de réflexion et d’expérimentation qui permet de dépasser le cadre classique de la commande publique, avec l’objectif de porter cette démarche au-delà du concours, dans les processus de réalisation.
IDENTITÉ DE L'ÉQUIPE
Agence : ICA
Fonctions : Architecture, Urbanisme, Paysagisme
Âge moyen des associés : 29 ans
L’équipe a-t-elle, ensemble en totalité ou en fragments, conçu, voire réalisé, des projets et/ou gagné des concours ? Si oui, lesquels ?
Oui, j'ai remporté le concours Europan 13 à Saint-Brieuc (FR) en 2015, et le Oostende Design Competition en 2016. J'ai ensuite développé mon activité et travaillé sur les suites d’Europan 13 (stratégie urbaine et aménagement des espaces publics dans le centre historique).
Je travaille aujourd’hui sur différents projets : un office de Tourisme et un parc, l'aménagement du site d'un ancien hôpital, la programmation et l'accompagnement d'un musée, les études de revitalisation d’un centre-ville…