Cultures Latentes

Evreux (FR) - Mentionné

DONNÉES DE L’ÉQUIPE

Représentante d’équipe : Clémence Aubrée (FR) – architecte
Associée: Léna Hinault-Kaiser (FR) – architecte

17 rue Paul Féval, 22000 Saint-Brieuc (FR) 
+33 688040072 – atelier.calhk@gmail.com

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C. Aubrée et L. Hinault-Kaiser  

 

INTERVIEW
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1. Comment s'est constituée votre équipe à l'occasion du concours ?

Toutes deux jeunes diplômées de l'école d'architecture de Bretagne nous avons, à la suite de nos études, travaillées au Conseil d’Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement des Côtes d’Armor. Sensibilisées à l'urbanisme, au paysage, aux espaces publics, à la sobriété des aménagements et à l’économie de moyens, cette expérience professionnelle a influencé notre choix de site et le projet que nous avons réalisé à Évreux. 

2. Quelle est la problématique principale du projet et comment avez-vous répondu à la question centrale de la session : la place des activités productives au sein de la ville ?

La ville d’Évreux nous a présenté plusieurs problématiques. D'une part l'aménagement du quartier gare devrait permettre de relier la ville haute et la ville basse, situées de part et d'autre de la voie ferrée. D'autre part l'attractivité du centre-ville, aujourd'hui fragilisée, pourrait être valorisée au travers de la rue commerçante principale devenant « rue productive ». Avant de penser à l'articulation des quartiers et à l'attractivité du centre, il nous a d'abord fallu saisir les imperfections de la ville. A Évreux comme dans de nombreuses villes moyennes, la voiture occupe une place importante dans l'espace urbain au détriment de l'espace public, des paysages naturels et de leurs ressources. Les infrastructures routières démesurées créent des ruptures dans la ville bien plus importantes que la topographie du territoire. En réponses aux problématiques, nous avons donc proposé de réinsérer les activités productives au sein de la ville, grâce à la mise en place d'un projet paysager là où les infrastructures routières sont aujourd'hui prédominantes.
 

 

3. Comment la problématique et les questions posées par la mutation du site se sont-elles croisées ?

La ville d’Evreux considérait le foncier disponible autour de la gare comme une opportunité à mailler la ville haute et la ville basse. Gardant en tête le périmètre proposé dans le cadre d’Europan, nous avons décidé de porter un regard plus large sur l’ensemble de la ville pour réaliser un projet inhérent au territoire ébroïcien, fait d’une vallée urbanisée, auparavant industrialisée, de coteaux et de vastes plateaux agricoles. Le projet Cultures latentes répond aux problématiques de la ville en saisissant la production agricole et les questions environnementales comme prétextes à valoriser le paysage et les espaces publics. Ainsi le secteur gare, implanté le long du coteau Sud, joue son rôle d’articulation grâce à une trame paysagère renforcée et valorisée au moyen d’activités arboricoles et agricoles diversifiées. La ville basse ou ville historique de la vallée, est densifiée à l’aide de programmations mixtes mêlant logements, équipements et activités économiques. Quant à la ville haute, étendue sur des plateaux aujourd’hui trop imperméabilisés, elle se destine à accueillir des activités agricoles respectueuses de l’environnement pour améliorer la porosité des sols et l’écoulement des eaux.

 

 

4. Avez-vous déjà traité cette problématique précédemment ? Quels ont été les projets références pour le vôtre ?

Nous n’avions pas directement traité le thème de ville productive dans nos projets. Cependant lors de nos précédentes expériences nous avons régulièrement été au contact de villes moyennes et communes, dont les problématiques sont similaires à celles de la ville d’Evreux. Ce sont des villes où l’urbanisation est liée aux déplacements motorisés. Ainsi les périphéries sont fortement développées au détriment de l’attractivité des centres et de la qualité des espaces publics. Diverses références nourrissent notre réflexion et se retrouvent dans le projet Cultures latentes. Les paysages agricoles contemporains travaillés par l’agence Fabriques, mettent en scène des espaces respectueux de l’environnement à la fois productifs et qualitatifs. Ils nous montrent ainsi comment des habitudes urbaines peuvent côtoyer de près des espaces de production agricole. Plus largement l’ouvrage « Comment la France a tué ses villes » d’Olivier Razemon est le reflet de ce que l’on observe dans nos projets et dans notre quotidien. Par de nombreux exemples le journaliste présente le phénomène de dévitalisation qui touche les centres de villes moyennes et questionne les choix d’aménagements de nos territoires.
 

 

5. Les projets urbano-architecturaux de type Europan ne peuvent se réaliser que dans une relation aux acteurs à travers un processus négocié et dans le temps. De quelle manière avez-vous intégré cette question dans votre projet ?

Europan nous a permis de présenter à la ville un projet qui relève du processus et non du projet clé en main. Ainsi les idées initiées lors de la phase concours ont maintenant besoin d’être débattues et enrichies au contact de la ville, des services et des porteurs de projets potentiels présents sur le territoire. Du fait de ses problématiques, la ville d’Evreux nous a semblé être le site idéal pour proposer en premier lieu une stratégie d’aménagement à grande échelle. Les discussions à venir, nous permettront ensuite de choisir certains sites qui pourront être travaillés à plus petite échelle.

6. Est-ce la première fois que vous êtes primé(s) à Europan? De quelle manière cela peut-il vous aider dans votre parcours professionnel ?

Il s’agit de notre première participation à Europan. Ce travail nous a permis de développer et de mettre sur papier des idées communes, une vision partagée de l'espace urbain et de son aménagement. Nous espérons que les suites d'Europan nous permettront de travailler en collaboration avec une collectivité sur un projet aussi passionnant que celui de la ville productive.