Interview Président Europan
Thomas Sieverts Thomas Sieverts est le président d’Europan depuis quelques mois.
Né en 1934 à Hambourg, il a étudié l’architecture et la conception urbaine à Stuttgart, à Liverpool et à Berlin. En 1965 il a été co-fondateur du «Freie Planungsgruppe Berlin». Il a été professeur pour la conception urbaine à Berlin, à Harvard, à Stuttgart, à Nottingham et Berkeley. De 1989 à 1994 il a été directeur de l’Exposition Internationale de Bâtiment IBA «Emscher Park’». En 1995/96 il a travaillé en tant que membre de l’Institut des Etudes Dupérieures de Berlin. Il a coordonné plusieurs recherches interdisciplinaires. De 1978 à 2005 il a dirigé un bureau de conception urbaine à Bonn. En 2010 il a reçu le doctorat d’honneur en conception de l’Université Technique de Brunswick.
Il a répondu à nos questions au sujet du concours Europan11
Quelles peuvent être les raisons pour un jeune professionnel européen de la conception urbaine de participer à Europan ?
Thomas Sieverts : Je pense qu’un jeune professionnel a plusieurs bonnes raisons de participer à Europan 11, particulièrement s’il décide de choisir un site en dehors de son propre pays.
Europan donne l’occasion unique de contribuer avec un projet-proposition à la discussion professionnelle européenne sur l’architecture et son rôle dans la société au delà des limites des frontières nationales et de la langue.
Soit il réussit, sa proposition primée, si tout va bien, sera réalisée et sera une pierre angulaire substantielle dans sa carrière professionnelle, comme en témoignent celles d’anciens lauréats d’Europan. - Mais même si son projet n’est pas réalisé, la publication et le débat public en tous cas intensifieront sa position professionnelle et aideront fortement sa carrière personnelle.
Soit il ne gagne pas : dans ce cas, la concours lui fournira un moment de «plaisir sportif» et ce sera une aventure intellectuelle d’être en concurrence ainsi avec beaucoup de collègues de toute l’Europe dans cette bataille paisible pour les meilleures idées, jugée par un jury européen international parmi les plus compétents.
Que représentent les sites dans le concours ?
Thomas Sieverts : Les 49 sites proposés par les villes de 17 pays montrent un éventail de contextes et d’enjeux urbains différents, qui sont représentatifs des problèmes urbains et architecturaux actuels se posant aux communes. Presque tous peuvent seulement être abordés en mettant le contexte urbain spécifique au centre d’une réflexion approfondie. Cela démontre que la tâche principale du jeune architecte professionnel est aujourd’hui de contribuer à la transformation de la ville déjà existante.
Le contexte socio-économique et géographique des sites est très différent :
- quelques sites sont dans des régions économiquement et démographiquement en «rétrécissement» ce qui est une situation typique dans plusieurs pays en Europe. Quel sera le rôle de l’architecture à l’avenir, s’il n’y a désormais aucune demande évidente?
- d’autres sites représentent le champ large du paysage périurbain de la «Zwischenstadt» et des questions au sujet de sa qualification : est-ce qu’ils devraient devrait être urbanisés dans un sens traditionnel ou être développés en tant que forme spécifique de paysage habité ?
- un champ important dans l’espace public sous ses différentes formes : que signifiera l’espace public pour le futur de nos villes, dans un monde généralisé et numérisé ?
Il y a donc beaucoup de sites attrayants à choisir pour le jeune professionnel, et je pense qu’il sera particulièrement motivé pour choisir un site au delà des frontières de son propre pays !
Est-il important que les concours Europan soient suivis de réalisation des idées primées ?
Thomas Sieverts : Europan a commencé comme Pan de 1972 à 1987 en France avec la tâche d’améliorer la qualité du logement public subventionné, et c’était la règle que le gagnant ait une commission pour construire. Europan 11 ne doit pas abandonner ce but, parce que je pense que cela n’est pas suffisant de qualifier le jeune professionnel, car s’il gagne, c’est qu’il est qualifié !
Mais les enjeux et les circonstances ont changé. Presque tous les sites et leurs enjeux de nos jours - comme le montrent les sites proposés pour Europan 11 - concernent la transformation des situations existantes, l’amélioration des contextes urbains abandonnés ou le renouvellement de l’espace public. Dans cette situation, cela prend, dans la plupart des cas, beaucoup d’années pour passer d’une idée-projet à une réalisation, de préparer les décisions politiques et économiques complexes nécessaires avant qu’un bâtiment-processus puisse être commencé.
Europan doit développer une nouvelle signification élargie de la réalisation (architecturale). Cette signification étendue ne signifie pas simplement que le processus de conception d’un bâtiment et le processus de sa construction dans un sens étroit, mais également le travail conceptuel nécessaire avant que le processus de construction réel puisse être commencé. La conception des procédures sociopolitiques et socio-économiques demande nécessairement un nouveau type de «créativité procédurale», qui est devenue une partie intégrale de la profession.