Jardin>Cour

2009
La planification de contextes [sub]urbains est considérée comme la création d’aide aux nombreux processus de construction d’une ville.
La stratégie se divise en 5 étapes. Tout d’abord, une grille de jardins structure initialement le site, formant des parcelles et des éléments urbains. Deuxièmement, la construction se déroule autour – mais pas à l’intérieur – de chacun de ces jardins, concentrés dans la partie nord du site, permettant ainsi une façade plus ouverte vers le sud. Troisièmement, ces parcelles « extraverties » sont colonisées par des occupants différents : public, promoteurs, coopératives, particuliers, etc. Au départ, il y aura 4 blocs de logements sociaux par hectare. Quatrièmement, chaque jardin dispose de 370 m² de surface constructible, surface qui pourra être augmentée par achat des terrains voisins, ou vendue si elle n’est pas nécessaire. Enfin, le quartier se densifie progressivement, mais de façon hétérogène, pour s’adapter aux besoins de la population.

2010-2015
À la suite du concours, une première ébauche d’urbanisme pour le site a été mise en œuvre.
Au lieu de proposer un tissu urbain préconçu, ce projet envisage le cadre collectif d’une interprétation individuelle : un maillage de jardins structure la zone. Il est possible de construire autour des jardins, mais pas à l’intérieur. Plusieurs acteurs (de grandes entreprises à des particuliers) peuvent s’approprier ces « terrains extravertis », ce qui favorise la diversité des échelles des bâtiments et les relations urbaines.
Une fois cette structure mise en place, l’étape suivante a été d’étudier les relations que peut produire cette trame en redéfinissant la configuration des espaces libres. La proposition consiste en un espace collectif reprogrammable dans le temps et où il serait possible de devenir propriétaire. Ceci résulte en un tissu poreux, non seulement en ce qui concerne son faible impact environnemental, mais également pour ce qui est de la diversité des solutions en termes de construction et de processus d’évolution – c’est un liquide qui s’adapte aux besoins changeants de la société.
Le processus est issu d'un effort collectif fondé sur des négociations. Ce travail collectif s’est fait en collaboration avec l’équipe locale d’architectes Mascha & Seethaler, différents types d'experts : en gestion (Raum&Co), en mobilité (Traffix), en paysage (Land in Sicht), en énergie ou en sociologie, ainsi que de représentants du quartier, le promoteur (ARE) et MA21, le bureau de la ville de Vienne ; tous ont participé activement à la conception du projet. L'équipe a publié l'histoire de ce processus collaboratif en bande dessinée ("Commons") ; du projet lauréat d'Europan 10 sur le site de Vienne en passant par ses développements avec une équipe multidisciplinaire, jusqu'à son approbation par le Conseil municipal de la ville de Vienne. "Commons" a été reconnu comme un exemple d'urbanisme innovant, durable et démocratique.
Une des sujets les plus importants aujourd’hui est la question du logement, mais en tant que programme, qui a en soi le pouvoir de générer une zone urbaine. «Jardin>Cour» fait écho à la ville, les développeurs et les usagers, et suggère un concept extrapolé du mélange mais avec un seul programme qui est celui du logement : le logement avec divers modèles de vie, divers modèles de partage, divers modèles de développement, divers modèles de financement, divers modèles de paysage, divers modèles de soutien.
Après 5 ans de processus de planification collaboratif, le master plan a été approuvé en septembre 2015 par la municipalité de Vienne.

2016-2022
Après l'approbation du plan directeur "Wildgarten" comme évolution du projet lauréat d'Europan 10, les travaux d'urbanisation dans le nouveau quartier de 10 hectares à Emil-Behring-Weg (Meidling, Vienne) ont commencé.
Le propriétaire foncier (ARE, Austrian Real Estate) a chargé plusieurs équipes d'architectes ainsi que différents sponsors de développer l’édification du quartier. En partenariat avec l'entreprise viennoise de logements sociaux et différentes coopératives, un processus d’urbanisme collaboratif démocratique et pluriel a été créé.
Arenas Basabe Palacios s’est vu confier la conception et de l'exécution de 11 blocs de logements à différentes échelles, incluant 82 unités de logement avec un total de 9500 m2 de surface construite contenant des espaces communautaires, des parkings partagés pour les vélos et des espaces commerciaux en rez-de-chaussée.
Dans le tissu urbain prévu, la série de bâtiments rejoint différents éléments urbains : un bâtiment historique réhabilité transformé en centre culturel, un groupement d'unités d'habitation coopératives, une place urbaine avec des commerces et services locaux, etc.
L'Allmende, espace libre sauvage/naturel entre les bâtiments, renforce les liaisons piétonnes et la continuité de la faune et de la flore locales. Ces zones vertes caractéristiques nécessitent peu d'entretien et sont flexibles pour s'adapter aux besoins des résidents.
La conception respecte l'idée urbaine d'origine et crée en outre un nouveau potentiel autour de la matrice-jardin qui structure le nouveau quartier. Chaque îlot est construit autour de son jardin tandis que l'édification varie en hauteur, travée et type d'édification : les constructions de petite taille (taille S) contiennent des maisons unifamiliale et des duplex ; Les bâtiments de taille moyenne (taille M) comme leurs compléments plus hauts (taille L) servent d'îlots d'habitat collectif et développent un processus urbain diversifié et poreux.
La matérialité des bâtiments accentue cette idée : les façades en céramique colorées sont tournées vers le soleil, tandis que tous les espaces de vie sont orientés au sud et ouverts vers le jardin. Un système de construction caractéristique avec des murs porteurs de blocs de céramique isolés («Hochlochziegel») définit les intérieurs de l'habitation avec une séquence d'espaces neutres, flexibles et reconfigurables.
La relation avec son environnement bâti présente un équilibre sensible des échelles de construction, qui garantit un bon ensoleillement dans toutes les pièces intérieures, les jardins orientés au sud et les espaces libres intermédiaires, créant une transition conviviale avec les architectures attenantes.
Le résultat est un tissu résidentiel à la fois unitaire et diversifié, avec une architecture qui reflète la dualité urbain/nature du projet d'urbanisme, qualifiant ainsi l'entrée du nouveau quartier Wildgarten.