Scénario de l’entre-deux

1996
La proposition associe des projets spécifiques et non-spécifiques, accordant une souplesse aux aménagements urbains futurs tout en jouant sur la démarcation et la différence. Les opérations architecturales sont des « générateurs de différence », conçus pour accroître la complexité et la spécificité de la ville, en opposition radicale à une vision fonctionnelle d’un espace homogène. L’accent est mis sur l’articulation de figures distinctes permettant de révéler la spécificité de la localité. En réactivant et en redonnant forme aux limites existantes, aux bordures, aux carrefours, le projet vise à exprimer la relation dynamique entre la ville et la mer, fondée sur rapports espace-temps spécifiques.

1997-2004
Le but est de relier à nouveau la ville à la mer en réactivant les limites urbaines et architecturales dans l’espace intermédiaire compris entre la mer et le tissu urbain, et en s’appuyant sur la dénivellation de 7 mètres entre la cité et le littoral.
Il y là un spectre d’usages étroitement entremêlés qui forment une mosaïque à l’intérieur du paysage côtier. Le concept simple de la création d’une promenade de front de mer impose une rationalité claire à cette mosaïque.
Le projet se rattache à la topographie à plusieurs titres. Des pontons pour des usages estivaux se prolongent vers la mer. C’est une promenade de front de mer horizontale, avec des rampes d’accès, qui fournit l’accessibilité verticale. Il est proposé aussi des terre-pleins avec une nouvelle végétation. Un musée situé en contrebas d’une portion de rue révèle une partie des anciennes fortifications. Un ancien passage traversant ces fortifications est rouvert pour donner une nouvelle voie d’accès. Un centre culturel combiné avec un parking , et des aires publiques et de loisir à flanc de coteau, offrent une vue panoramique sur la mer. Les surfaces de toit (nouvelles ou existantes) servent de nouvel accès au musée. Une série de petites places publiques est insérée là où les ruelles créent des lieux de rencontre naturels.
Le but dernier des architectes consiste à offrir aux habitants des espaces publics multiples qui agissent comme autant de « typologies d’exposition de soi ».
Le projet final est né d’un long processus de collaboration entre les autorités locales et l’équipe lauréate. Ce processus a donné aux architectes le temps de se familiariser avec les spécificités du site et du pays, tant au plan de l’aménagement que dans le domaine politique ou financier. Dans cette rencontre avec une culture étrangère, les architectes ont introduit, adapté et reformulé l’architectonique de leur projet et leur vocabulaire urbain, pour les transcrire dans le contexte local.

2004-…
Le projet mis en œuvre devient, étape après étape un projet-processus. Chaque étape du projet comprend différentes questions de dynamiques qui créent de nouveaux impératifs découlant de nouveaux liens entre les acteurs du projet et l’équipe architecturale ayant un rôle d’initiateur et transformant en espace les priorités et les relations inhérentes à la ville.
La première étape, achevée en 2007, était la construction du centre de réadaptation et café internet, accompagné d'une place publique.
La second étape (2011) correspondait à deux interventions ponctuelles le long du front de mer à l'ouest de la ville. Elle vise à garantir la continuité de la zone piétonne du bord de mer et à créer des connexions avec le niveau de l’eau (7 mètres plus bas) ainsi qu’avec les anciens remparts de la ville (7 mètres plus haut). Il s'agissait d'une rampe urbaine sous laquelle seront installés des bains publics. Étant donné que la rampe est uniquement provisoire, elle a été construite en matériaux réutilisables – l'équipe attend que soient réunies les conditions marines et financières idéales pour la création des bains publics. Et d'une plateforme qui étend la zone piétonne au-delà des remparts afin de compenser le manque d’espace réservé aux piétons, dû à la place toujours prépondérante de l’automobile sur le front de mer.
Une troisième étape est prévue permettant un lien avec les remparts intérieurs de la ville grâce à un double pont doté d’une rampe menant à un pont tubulaire en métal – une entrée maritime vers les remparts.
La réussite du projet tient au choix stratégique fait lors de la préparation du concours de concevoir un cadre opérationnel spatial pour l’espace situé entre la ville et la mer – en proposant des manières de réactiver les limites urbaines existantes et de partager l’espace public entre différents utilisateurs – et non de fournir une solution fixe qui serait certainement obsolète 17 ans plus tard.