Bernay Terres de Normandie (FR)

Les défis du milieu habité

Les vallées de la Charentonne et de la Risle (dont l’embouchure se situe dans l’estuaire de la Seine) structurent le territoire de l’intercommunalité Bernay-Terres de Normandie. Leurs plaines alluviales étroites, occupées essentiellement par des prairies inondables et encadrées par des coteaux abrupts et boisés, ont aussi accueilli une urbanisation tournée vers la production industrielle qui exploitait l’énergie des cours d’eau. Les pôles urbains qui ponctuent ces vallées connaissent aujourd’hui des dynamiques contradictoires et peu durables :

- une déprise industrielle, laissant en héritage des friches inoccupées ou sous-utilisées, à ré-intégrer dans le territoire
- une déprise résidentielle, se traduisant par la péri-urbanisation des bourgs éloignant les habitants de l’emploi et des services.

Le contexte plus général de la transition climatique et de l’évolution réglementaire européenne en matière de limitation de l’artificialisation des sols, voire de renaturation de ceux-ci, nécessite de repenser l’aménagement du territoire sous l’angle de la sobriété et de la résilience. Ainsi, réinvestir les friches est une opportunité pour redonner des lieux de vie aux habitants, tout en contribuant au développement et à l’attractivité du territoire. En même temps, et en milieu rural tout particulièrement, cela constitue un défi majeur.
Les sites proposés à la réflexion ont des caractéristiques propres, mais tous longent ou sont traversés par les rivières. Éléments structurant l’identité du territoire et véritables ressources vivantes, la Risle et la Charentonne relient les centre-bourgs et les friches, donnant au paysage et à l’environnement une place centrale dans les tissus urbains. Les projets des candidats contribueront donc à révéler l’important potentiel d’attractivité et de dévelop- pement de ces vallées en s’appuyant sur la réhabilitation des espaces délaissés par la production et sur la mise en valeur des interfaces vivantes avec les paysages naturels.

Questions au concurrents

Les acteurs de ce multi-site souhaitent construire une stratégie globale cohérente s’appuyant sur la trame verte et bleue des vallées pour imaginer de nouvelles manières d’habiter ce territoire. Comment laisser les rivières re- prendre leur place dans l’écosystème urbain afin de réapprendre à vivre avec l’eau, ses qualités et ses risques ? Comment faire redécouvrir aux habitants la beauté et les plaisirs de l’eau (longtemps cachée ou privatisée), comment l’utiliser pour compenser les impacts des changements climatiques, accompagner le désir de nature et favoriser le bien-être en ville ? Comment conserver la biodiversité spécifique qui a pu se développer dans les espaces abandon- nés par l’Homme et en tirer parti pour renouveler la ville ?
Il convient, par ailleurs, de changer de regard sur les espaces vacants et d’inscrire leur renouveau dans l’histoire longue de la transformation du territoire, où l’alternance de phases « productives » et de temps de « pause » permet la réflexion collective et l’expérimentation de nouveaux usages et formes spatiales. Comment réinventer les centre-bourgs du fond de vallée à partir de ces opportunités ? Quelles alternatives à la périurbanisation peut-on imaginer pour ce territoire et avec quelles qualités de l’habiter ? Comment valoriser au mieux la ressource sol et en préserver les services écosystémiques et culturels rendus à la ville, afin de rendre celle-ci plus résiliente aux change- ments climatiques et aux bouleversements socio-économiques qui impactent les territoires ?
Au sein d’une démarche « circulaire » de l’aménagement du territoire, il est aussi nécessaire de prendre en compte les spécificités de l’existant. Les sites proposés au concours diffèrent pour ce qui est de leur taille et époque de construction, des activités accueillies et des qualités spatiales qui en découlent, de leur état de conservation, etc. Comment profiter du déjà-là pour imaginer des articulations entre la ville productive et la ville vivante ? Comment prendre soin de l’espace bâti, en le ré-interprétant pour conserver les mémoires individuelles et collectives qui se sont stratifiées dans ces lieux ?