Le Palais (FR)

Les défis du milieu habité

Le Palais, plus grande des 4 communes de Belle-Île-en-Mer, renvoie aux spécificités de toute situation insulaire définie par un espace rare, étroitement délimité. Son port, entrée principale de l’île, accueille quotidiennement visiteurs et marchandises. Il se prolonge dans la ria qui descend des hauteurs où est stockée l’eau de pluie, unique ressource d’eau potable. Le centre-ville de Le Palais est contraint dans un espace entouré par la topographie et ceinturé par un vaste mur d’enceinte dont l’histoire militaire a permis de préserver un paysage très boisé au sein même de la commune. La spécificité agricole de l’île, maintenue et ancrée dans l’identité locale, contribue à sa richesse écologique et paysagère. Le tourisme est une des principales ressources économiques pour son devenir, bien que l’affluence extérieure augmente pour partie l’exiguïté de l’espace économique insulaire. Il structure et impacte l’île qui passe de 6000 habitants à 45000 en saison estivale. Une offre de logements difficiles et coûteuse à rénover s’oppose à une offre de biens à vendre ou à louer à des prix très élevés rendant peu à peu presque impossible l’accès au logement aux palatins. Le transit des marchandises génère un surcoût du panier quotidien et du prix carburant. Les effets du changement climatique, visibles avec les aléas de submersion marine sont devenus annuels. L’autonomie en eau potable comme celle alimentaire y sont fragiles avec les nouveaux épisodes de sécheresses. Le Palais est inscrit dans le programme « Petite Ville de Demain » visant à améliorer la qualité de vie dans les petites centralités et leurs territoires ruraux. Laboratoire des conditions actuelles planétaires - tension sur les ressources, inégalités sociales, risques climatiques et leurs conséquences incertaines - le site est un lieu de réflexion autour des singularités propres à l’île et de mise en récit de cette culture insulaire.

Questions aux concurrents

Le Palais a plusieurs attentes. En premier lieu requestionner le sol des espaces publics aujourd’hui saturé, depuis le port jusque dans le centre-ville pour retrouver de nouvelles continuités. Ensuite penser diverses offres de logements et de services proposant de nouvelles façons d’habiter, plus inclusives, accessibles aux iliens, aux saisonniers et aux touristes, adaptées au vieillissement de la population.
Les propositions doivent ouvrir sur des dispositifs singuliers s’appuyant sur l’aménagement, l’architecture et le paysage. L’approche du care doit, en les mesurant bien, prendre en compte les relations et les solidarités existantes. Pour la commune, pourtant loin des habitudes de consommation du continent, la finitude des ressources et leur gestion, s’impose aujourd’hui encore plus comme un invariant de tout projet, en termes, nourriciers, de modes constructifs, d’approvisionnement et de gestion des énergies. De plus de nouvelles équités sont attendues entre les habitants insulaires et les résidents secondaires, les néo-iliens et les visiteurs, qui dans des temporalités différentes, sont interdépendants et nécessitent de nouveaux lieux de relations symbiotiques entre eux et avec l’île.
Enfin Le Palais recherche une résilience qui fera cohabiter nature et culture : le réchauffement climatique, tangible dans les transformations à l’œuvre dans l’écosystème de l’île, alerte sur l’impact sur sa biodiversité. La notion de Care doit aussi, s’accompagner de dispositifs administratifs, techniques, juridiques ou fiscaux adaptés. Comment ainsi, par des processus de projet ou des assemblages opérationnels, permettre d’agir sur la préservation de la biodiversité et maintenir les équilibres entre insulaires et non-iliens? Les acteurs de Le Palais attendent ainsi de cette session des réponses conduisant à de nouvelles péréquations permettant de retrouver des nouvelles équités vis-à-vis du vivant. Quelles sont les expériences menées ailleurs qui pourraient trouver ici de nouveaux développements ou quels sont les nouveaux dispositifs à inventer ?